La surcharge GDS séduit de plus en plus

Dès le mois de novembre, British Airways et Iberia appliqueront une taxe d’environ dix francs pour toutes les réservations effectuées hors canaux NDC. Ukraine International Airlines s’y est mise le mois dernier.
© Iberia British Airways IAG

Depuis deux ans maintenant, le groupe Lufthansa a fait pratiquement cavalier seul dans la pratique consistant à «taxer» la distribution via les GDS, même si dès le début, d’autres compagnies indiquaient observer l’évolution avant d’y recourir.

Désormais, British Airways et Iberia annoncent le prélèvement d’une taxe de £8 (environ CHF 10.-/€9.50) pour chaque réservation qui serait effectuée sur un canal autre que celui des deux compagnies (sites web, propres agences stationnaires et Call Center) ou les canaux de distribution directe – autrement dit les systèmes se basant sur le nouveau standard IATA NDC. En outre, un portail de réservation IAG devrait prochainement être activé.

Une relation appelée inexorablement à évoluer

«Nous continuerons notre collaboration avec les GDS pour la distribution de nos contenus via les agences partenaires avec les solutions existantes. Toutefois, ces systèmes et leurs solutions technologiques traditionnelles représentent des coûts significativement plus élevés pour BA et IB», indiquent les compagnies dans un communiqué.

Selon Reuters, l’annonce n’a pas été sans effet pour des GDS comme Amadeus IT Group, Travelport et Sabre. Leurs actions ont chuté vendredi dernier de 4% pour les deux premiers, 1,7% pour le troisième. Willie Walsh, CEO d’IAG avait déjà indiqué être en discussions avec Amadeus tout en soulignant que la poursuite de la relation existante n’était pas durable. «Nous sommes préparés à encaisser des coups à court terme pour des changements structurels sur le long-terme dans cette relation», avait-il ajouté après la publication des résultats du premier trimestre.

UIA aussi depuis un mois déjà

Mais les deux compagnies faîtières de l’IAG ne sont pas les premières à emboîter le pas au groupe Lufthansa: depuis le 19 avril dernier, Ukraine International Airlines (UIA) applique une surcharge de $9 par segment pour les réservations effectuées via quatre GDS (Amadeus, Sabre, Travelport et Travelsky). Une décision qui a surpris au regard de la signature l’année dernière d’un contrat avec Amadeus pour la vente de ses services annexes (ancillary services) via les agences de voyages.

Quel impact exactement sur les GDS?

Dans un rapport sur Amadeus publié par des analystes de Crédit Suisse au début avril, les auteurs indiquent attendre avec certitude que d’autres compagnies aériennes suivent les pas du groupe Lufthansa pour écarter davantage les GDS. Il apparaît comme inévitable qu’Amadeus, de par sa taille, pourrait être particulièrement touché par la stratégie adoptée par le groupe Lufthansa et UIA, surtout concernant le marché européen. Quant au cumul des ventes Lufthansa, Air France-KLM et IAG, celui-ci représenterait 15% des plus grands clients de distribution du GDS.

Cependant, en dépit de cette force d’achat, Crédit Suisse estime qu’un glissement de 5% dans les ventes de billets hors des GDS ne représenterait «que» €50 millions (CHF 54.4 millions) de baisse de revenus pour le secteur de la distribution d’Amadeus. Les analystes ajoutent que des acteurs comme Air France-KLM et IAG viseront le transfert d’au moins 10% du volume hors des GDS afin de justifier les efforts consentis. En effet, en-dessous de ce seuil, le jeu n’en vaudrait pas la chandelle: la désactualisation de l’accord «full content» pourrait se traduire par une hausse des coûts GDS de l’ordre de 25% par réservation. (CD)