Les voyages d’affaires plus chers en Europe

La courbe des réservations fait de véritables montagnes russes et celle des prix est en forte hausse.
© Gerd Altmann / Pixabay

Depuis un an, le volume des réservations pour les voyages d’affaires fait de véritables montagnes russes – en montant ou en descendant, selon l’état de la situation Covid. Il en va tout autrement des coûts des voyages d’affaires: ils ne connaissent qu’une seule direction et ne cessent de grimper.

Après une année 2020 où les voyages d’affaires étaient réduits au minimum, les transactions n’ont cessé d’augmenter en 2021 et se sont nettement accélérées jusqu’à l’apparition du variant Omicron. Ce dernier «a de nouveau poussé la demande de voyages d’affaires vers une tendance à la baisse vers la fin de 2021 et le début de 2022», explique Jason Geall, American Express Global Business Travel SVP et directeur général pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique sur BTN Europe.

Depuis la deuxième semaine de janvier 2022, un début de reprise a été observé, avec huit semaines de croissance de semaine en semaine. «Nous voyons la reprise dans plusieurs secteurs. Ce besoin de rattrapage est très réel. Les gens ont toujours besoin de se rencontrer face à face», explique Jason Geall.

Quel impact pour la guerre en Ukraine?

La grande question est désormais de savoir si ces montagnes russes vont connaître un nouveau ralentissement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Tant Jason Geall que Jo Lloyd, responsable du département Global Account Management et Consulting chez FCM, estiment qu’il est encore trop tôt pour le dire.

Amex GBT a déjà enregistré certains effets sur les réservations en Europe centrale et orientale avant le début de la guerre. La seule conclusion certaine est que 2022 sera une autre année instable pour les voyages d’affaires européens, même si la région semble avoir surmonté les ravages de la pandémie de Covid-19.

«En ce qui concerne la pandémie, il y a définitivement un désir de voyager», indique Jo Lloyd. «Si les gens sont autorisés à voyager, ils le feront. Il y a un lien direct entre la question de la facilité de la quarantaine et des tests et le nombre de voyageurs.»

Elle poursuit: «Il y avait des entreprises qui voyageaient constamment pendant la pandémie – les ingénieurs, les gens sur le terrain – mais ces derniers mois, nous avons également assisté en Europe à un retour des activités axées sur la vente. On se rencontre à nouveau en personne, alors que l’année dernière, les rencontres étaient surtout virtuelles. Les directeurs régionaux sont également de nouveau sur la route.»

La reprise totale est encore loin

Jo Lloyd souligne toutefois que, même sans tenir compte du conflit ukrainien, le volume reste nettement inférieur au niveau d’avant la pandémie. «La plupart de nos clients s’attendent à retrouver 40 à 60% du niveau de 2019 avant la fin de cette année.» Parmi les facteurs qui freinent durablement les choses, elle relève le fait qu’en Europe, on se concentre encore plus que dans d’autres régions sur la durabilité et le bien-être des employés.

La reprise n’a par ailleurs pas été uniforme en Europe. Jusqu’à présent, FCM a enregistré la plus forte croissance en France, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne et en Turquie. Jason Geall présente une liste similaire. Pour Amex GBT, l’Espagne a été le marché qui s’est redressé le plus rapidement, «avec la France et le Benelux, avec le Royaume-Uni juste derrière.»

Outre la guerre en Ukraine, Jason Geall attribue également les différences nationales à la vitesse à laquelle les restrictions Covid ont été assouplies et aux attitudes culturelles. Ainsi, dans les pays d’Amérique latine, il est particulièrement important pour les entreprises de rencontrer les clients et les collègues en personne.

Un autre facteur pourrait être le taux de vaccination contre le coronavirus. L’Europe du Sud est particulièrement avancée en ce qui concerne le nombre de personnes entièrement vaccinées. Ainsi, le taux de vaccination est de 93% au Portugal, de 84% en Espagne et de 80% en Italie, selon les chiffres compilés par le Financial Times.

Presque toute l’Europe occidentale a des taux plus élevés que les États-Unis (%, selon The Times), mais de nombreux pays d’Europe centrale et orientale sont loin derrière l’extrémité occidentale du continent, notamment la Hongrie et la République tchèque (64%), la Slovénie et la Pologne (58%), la Serbie (47%) et la Bulgarie (29%).

Le manque de capacité fait grimper les prix

En supposant que l’Europe puisse poursuivre son essor dans le domaine des voyages d’affaires (qui, comme l’a fait remarquer Jo Lloyd, s’accompagne également d’un retour rapide des voyages de loisirs), les prix ne peuvent aller que dans une seule direction en 2022. «La capacité européenne de transport aérien est encore 45% inférieure à ce qu’elle était avant Covid», remarque Jo Lloyd. «Si la demande augmente à nouveau, mais pas la capacité, vous avez la recette idéale pour augmenter les prix, à laquelle s’ajoutent des facteurs externes comme les prix du pétrole.»

Il en va de même pour les hôtels et pour les sociétés de location de voitures. «Depuis le début de 2021, il y a eu une croissance de 50 à 70%. Certaines villes dépasseront les niveaux de 2019 d’ici la fin de ce trimestre», ajoute Jo Lloyd.

Amex GBT voit également les coûts des voyages d’affaires s’envoler. Jason Geall évoque la pénurie chronique de main-d’œuvre comme un autre facteur contribuant à la hausse des prix des hôtels.

Les prix sur la pente ascendante

Les points de vue de Jo Lloyd et Jason Geall concordent avec l’image que l’indice des voyages d’entreprise de BTN Europe donne du continent. Il montre que l’aiguille des prix pointe clairement vers le haut. Par exemple, dans l’indice de 2021, il n’y avait que quatre villes avec un prix moyen journalier supérieur à 180 euros. Cette année, elles sont dix. De même, au 4e trimestre 2020, Zurich était la seule ville avec un prix journalier total supérieur à 450 euros. Cette année, Londres et Genève s’ajoutent à la métropole alémanique.

En Scandinavie, le forfait journalier à Oslo est passé de 290 euros au premier trimestre 2021 à 346 euros au quatrième trimestre, et à Copenhague, il est passé de 280 à 386 euros sur la même période.

La situation est similaire à Londres. Ici, le forfait journalier est passé de 369 à 467 euros au cours de l’année. Les prix ne sont pas plus élevés dans toutes les villes qu’il y a deux ans, mais dans les trois quarts des villes européennes de l’indice BTN, ils ont augmenté par rapport à l’année dernière.

En général, les prix ont augmenté chaque trimestre en 2021. En revanche, la baisse des prix journaliers à Kiev, dès le quatrième trimestre 2021, est une évolution emblématique: elle représente un recul de 18% – la deuxième plus forte baisse trimestrielle -, passant de 234 à 193 euros.

(Business Traveltip)