Partage des recettes et des coûts, ouverture de nouvelles lignes, développement de loffre à Heathrow: laccord de joint-venture signé par Air France et Delta Air Lines marque une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux transporteurs, partenaires depuis 1999 et membres fondateurs de SkyTeam.
Laccord se mettra en place en deux temps. Davril 2008 à mars 2010, il portera sur les vols transatlantiques sans escale opérés par Air France et Delta entre Roissy, Orly et Lyon dune part et Atlanta, Cincinnati, New York et Salt Lake City dautre part, ainsi que sur toutes les liaisons entre Londres-Heathrow et les Etats-Unis.
Puis, à partir davril 2010, le périmètre de laccord sera élargi à toutes les routes transatlantiques dAir France et de Delta entre lEurope (bassin méditerranéen inclus) et les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Sans oublier les vols entre Los Angeles et Tahiti.
Les ventes concernées par la joint-venture sont estimées à 1,8 milliard de francs par an durant les deux premières années et à 9,5 milliards par an à partir de 2010. Le résultat avant impôts, selon Delta, devrait
osciller entre 148 et 236 millions de francs dès 2011, ce qui en ferait une opération plus que rentable.
«Le principal enjeu de laccord est laccès au marché anglais. Laxe Angleterre Etats-Unis génère non seulement 50% de tout le trafic transatlantique, mais il se caractérise aussi par un haut niveau tarifaire», confie Bruno Matheu, Executive Vice President Marketing & Network Management chez Air France.
Pas étonnant dès lors que les deux partenaires fassent de Londres la pierre angulaire de leur stratégie. Dès lentrée en vigueur de laccord, Air France exploitera un vol entre Heathrow et Los Angeles, tandis que Delta lancera deux vols HeathrowNew York JFK et un vol HeathrowAtlanta. «Dans cette perspective, Air France réduira de 12 à 8 le nombre de ses fréquences quotidiennes entre Roissy et Heathrow afin de libérer des créneaux horaires», explique Jean-Cyril Spinetta, président-directeur général du groupe Air France KLM.
Sans surprise, ce développement massif à Londres est perçu comme une menace par British Airways et son partenaire American Airlines (voir encadré), dautant que Delta continuera dans le même temps dopérer ses deux liaisons quotidiennes entre Gatwick et Atlanta et son vol quotidien entre Gatwick et New York JFK.
Laccord verra aussi louverture de nouvelles lignes entre la France et les Etats-Unis. Ainsi, Delta exploitera deux vols sur New York JFK, lun au départ de Paris-Orly, lautre de Lyon, ainsi quun troisième entre Roissy et Salt Lake City.
«Vu la forte valeur ajoutée de ces nouvelles liaisons, nous ne croyons pas aux risques de surcapacité. Salt Lake City, par exemple, offre un accès privilégié à un nombre important de villes dans louest des Etats-Unis, tandis que Lyon et sa région bénéficieront de nouveau dun vol non-stop, après une tentative avortée à la suite du 11 septembre 2001», complète Jean-Cyril Spinetta.
Last but not least: les deux partenaires attendent le feu vert de Washington pour un éventuel accord de joint-venture à quatre avec KLM et Northwest la réponse devrait tomber dici à lété 2008. Une configuration inédite, véritable casse-tête selon certains, mais qui neffraie pas les deux hommes forts dAir France et de Delta: «Signer un accord à quatre est certainement un processus complexe, mais ça lest déjà à deux. Tout est possible.»
Patrick Claudet, Paris
BA: collaboration plus étroite avec AA?
Partenaire dAmerican Airlines (AA) au sein de lalliance OneWorld, British Airways (BA) na pas tardé à réagir à la suite de lannonce de la signature de laccord de joint-venture entre Air France et Delta Air Lines. «American Airlines est un partenaire de référence pour nous et nous aimerions développer avec eux une collaboration plus étroite sur le long terme», a déclaré un porte-parole de BA à lagence Reuters.
Selon le Times, le transporteur britannique serait en pourparlers avec lactionnaire majoritaire de BMI, Sir Michael Bishop, en vue dun rachat une information démentie par BA. Une fusion entre BA et AA serait aussi envisagée, même si deux tentatives allant dans ce sens ont déjà échoué.
PC