Air France se veut exemplaire (Edition 2008-25)

La compagnie entend apporter des réponses concrètes aux questions liées à l’environnement et aux économies d’énergie.

Passionné par la nature depuis son enfance, le célèbre photographe Yann
Arthus-Bertrand n’était pas présent par hasard à la présentation
mondiale de l’opération «Environnement: Air France s’engage», lancée la
semaine dernière au siège de la compagnie à Roissy.

Air France vient en effet de financer, à hauteur de 5 millions d’euros
et à travers l’association GoodPlanet.org fondée par le photographe et
défenseur de l’environnement, un énorme programme de conservation de
500000 hectares de forêt à Madagascar… et donc le stockage de 60 à 70
millions de tonnes de carbone. «Vous pouvez être fier de votre
entreprise, a déclaré Yann Arthus-Bertrand à Jean-Cyril Spinetta,
patron d’Air France. Jamais une société privée n’a accordé une telle
somme pour la défense de l’environnement.»

Air France, comme beaucoup d’autres compagnies, n’a pas attendu la
hausse du pétrole pour agir, son premier rapport sur l’environnement
date de 1996. Entre 2000 et 2006, la modernisation de la flotte Air
France a permis de diminuer de 12% la consommation de kérosène. «Notre
objectif pour 2012, résume Pierre Vellay, directeur de la flotte d’Air
France, est d’arriver à une consommation de 3,7 litres par passager
alors qu’elle était de 3,95 litres en 2006 et de 4,5 litres en 2000.

Actuellement, la question est simple, une tonne de carburant consommée
émet 3,15 tonnes de CO2. Les efforts sont réels, la consommation
moyenne des moteurs baisse d’environ 1% par an. Mais il n’y a pas que
l’avion. L’efficacité des hubs, en la matière, n’est plus à démontrer.
Reste qu’il faut aller beaucoup plus loin, au sol (roulage à l’arrivée
comme au départ) comme en vol où les choses pourraient s’améliorer par
une meilleure gestion du trafic. Le problème des approches en descente
est, par exemple, très important puisque les appareils consomment
beaucoup sur les paliers. Selon les chiffres IATA, les distances sont
inutilement allongées de 12%. «Si nous prenons le vol Paris–Munich,
poursuit Pierre Vellay, la distance actuelle est de 910 km alors que la
trajectoire possible est de 680 km, soit une réduction de 33%.»

Air France propose aussi au client de compenser les émissions de CO2.
Un calculateur est à disposition sur le site Internet de la compagnie
et colle aux réalités de la ligne empruntée, tenant compte de
l’appareil, de la consommation réelle, du nombre de passagers, du poids
des marchandises et bagages.

Alain Bossu

Le transport aérien pèse 2,6% des émissions de CO2

«Notre défi majeur, insiste Jean-Cyril Spinetta, Chairman et CEO d’Air France-KLM, c’est
de devenir exemplaire en développement durable.»
Le patron d’Air France rappelle que le monde de l’aérien ne cherche pas
à oublier ses responsabilités. «Mais arrêtons aussi la caricature. Même
si c’est trop, il s’agit de 706 millions de tonnes d’émissions de CO2
pour l’ensemble du transport aérien, soit 2,6% des 26,6 milliards de
tonnes d’émissions globales de CO2.» Pour l’Europe, la part des
émissions de CO2 représente 130 millions de tonnes. Et, même si l’on
n’en parle guère, la part globale du transport pèse
de 15 à 17% du total des émissions de CO2, dont 3 à 4% pour les transports maritimes.
Le patron d’Air France sait cependant qu’il faut agir vite. «Les
industriels doivent conjuguer les temps longs (les négociations, les
réflexions) et les temps courts. Le Protocole de Kyoto n’a pas onze ans
d’existence. Or, le temps court s’accélère. Si je schématise, le
pétrole était à 50 dollars avant-hier, 100 dollars hier et à près de
150 dollars aujourd’hui.»     

AB