Alain Bossu à propos de Flybaboo (Edition 2008-12)

Comment cuisiner l’après-Cook?

Tofu, le chien fidèle d’entre les fidèles, ne signera donc plus l’édito
de Baboo Time, une revue qui était bien autre chose qu’un magazine de
bord. Et il n’apparaîtra sans doute plus dans les prochaines images de
la compagnie aérienne. Comme quoi, nom d’un chien, la roue tourne.
Julian, son bon maître, va s’en aller sous d’autres cieux même s’il
demeure président du conseil d’administration de Flybaboo.

Finalement, le problème n’est pas de se dire qu’un CEO chasse l’autre
ou, tout au moins, le remplace. Le passage de témoin entre le fondateur
de la compagnie, Julian Cook, et l’homme d’expérience qu’est Jacques
Bankir pourrait ressembler à n’importe quel changement personnel ou
structurel de la vie des entreprises. Mais l’après-Cook ne signifie pas
seulement la reprise d’une compagnie aérienne comme les autres.

Lorsqu’il a fondé Flybaboo, Julian Cook a sans doute répondu à une
attente en pleine agitation politique à propos de la ligne
Genève-Lugano. C’était en novembre 2003, il y a cinq ans, presque un
siècle dans l’aérien du troisième millénaire, surtout avec un avion à
hélices. Rappelons-nous, personne ne se gaussait vraiment tant l’idée
et le personnage apparaissaient sympathiques. Mais on l’a tour à tour
qualifié de doux rêveur, de gonflé (c’est quand même mieux que
dégonflé, non?), de fils à papa qui ouvre des lignes sur Saint-Tropez
ou Ibiza. Et puis, ce nom… Baboo qui signifie patriarche pour retrouver
les racines indiennes du grand-père.

Bref, sur l’avenir de la compagnie, nul n’aurait parié un kopeck. Or,
Julian Cook a prouvé qu’il ne baissait pas les bras, qu’il ne glissait
pas non plus sur les peaux de banane. Son style décontracté a
fonctionné, le coup de la Fiat 500 aussi. Il a également compris (ou
admis) que la dimension supérieure avait besoin d’une nouvelle tête.

Reste que son successeur ne doit pas seulement poursuivre la route. Le
nouveau CEO de Flybaboo, Jacques Bankir, vient apporter son expérience
pour réussir la montée en charge d’une compagnie qui va passer de moins
de 150 sièges à 448 d’ici 2009 avec l’arrivée des trois jets Embraer
190. Son mandat est simple: parvenir à l’équilibre l’an prochain puis à
la rentabilité. Après? Après, c’est loin. Il sait que l’image
sympathique d’une start-up dynamique a permis le développement d’une
niche au départ de Genève. Maintenant, il importe de mettre au point
une stratégie des réseaux, c’est-à-dire, comme il l’explique lui-même,
travailler programme et yield.

Démontrer en quelque sorte que la vision de Julian Cook était juste et
viable. En clair que la niche n’était pas que pour le chien.