Il y a quatre mois et demi, Swiss et Lufthansa se mettaient à dos la
branche de trois pays en annonçant lintroduction en octobre dun
nouveau modèle de distribution assorti des désormais fameux tarifs
préférentiels. Avec la plus grande véhémence, la FSAV a combattu cette
idée
et recommandé aux agences de ne pas signer le nouveau contrat proposé
par Swiss et de ne plus vendre la compagnie de façon active. Il y a
deux mois, la FSAV, sans en parler ouvertement, se réservait même le
droit daller encore plus loin. On était alors plus proche du
«shifting» que du partenariat.
Au début mai, on lâchait un peu de lest: Swiss concluait un accord avec
Sabre et garantissait aux agences utilisatrices un accès sans frais à
tous les tarifs, jusquen juin 2009 en tout cas. Un accord qui ne
satisfaisait nullement la branche puisque Sabre na pas du tout la même
force de frappe que Galileo ou Amadeus en Suisse. La FSAV allait même
jusquà parler de poudre aux yeux. Cest dans la nuit de jeudi à
vendredi dernier que les avocats des deux parties ont trouvé un terrain
dentente: Swiss et Lufthansa signaient alors un contrat de longue
durée avec Travelport et ses deux produits Galileo et Worldspan.
Jusquà la fin 2011, les (nombreuses) agences de voyages utilisatrices
de Galileo qui participeront au modèle Preferred Fares auront accès à
tout le contenu des deux GDS, sans taxes supplémentaires. Un nouveau
contexte qui devrait logiquement inciter la FSAV à renoncer à la
recommandation faite il y a quelques mois.
Reste Amadeus qui continue à gagner avec la régularité du métronome des
parts de marché en Suisse et qui est un acteur dominant de limportant
marché allemand. Là aussi, la direction madrilène du GDS devrait suivre
la voie tracée par ses deux concurrents. En Suisse, Amadeus perdrait
rapidement le contrôle du marché sil maintenait une position ferme; ce
nest pas lobjectif recherché puisque le GDS a dû se battre pour
imposer ses solutions alors que Galileo avait déjà deux longueurs
davance.
Les agences de voyages suisses ont sans doute surpris la direction de
Swiss (et Lufthansa) en rejetant le modèle de tarifs préférentiels
présenté en janvier. Jamais, à ce jour, la FSAV navait fait preuve
dautant de fermeté. Une attitude qui a sans doute dopé la direction de
Swiss. Certes, les deux compagnies aériennes ont pris les agences en
otage. Mais, finalement, avaient-elles dautres choix pour faire plier
les GDS et tenter déconomiser cette année quelque 90 millions de
francs? Les méchants dhier sont les gentils daujourdhui. Très en
vue, Harry Hohmeister a gagné une bataille importante face aux GDS et
Swiss devrait regagner la confiance perdue ces derniers mois.
Et si son attitude a semblé plus «Low Profile» aux yeux de la branche,
Rudolf Schumacher, directeur pour la Suisse, a aussi joué un rôle
majeur dans les négociations, convaincu quil était quune solution
favorable aux distributeurs pourrait être envisagée si chacun y mettait
du sien. Après la pluie, le beau temps.