Après la pluie, le beau temps (Edition 2008-23)

Dominique Sudan à propos de Swiss/Travelport

Il y a quatre mois et demi, Swiss et Lufthansa se mettaient à dos la
branche de trois pays en annonçant l’introduction en octobre d’un
nouveau modèle de distribution assorti des désormais fameux tarifs
préférentiels. Avec la plus grande véhémence, la FSAV a combattu cette
idée
et recommandé aux agences de ne pas signer le nouveau contrat proposé
par Swiss et de ne plus vendre la compagnie de façon active. Il y a
deux mois, la FSAV, sans en parler ouvertement, se réservait même le
droit d’aller encore plus loin. On était alors plus proche du
«shifting» que du partenariat.

Au début mai, on lâchait un peu de lest: Swiss concluait un accord avec
Sabre et garantissait aux agences utilisatrices un accès sans frais à
tous les tarifs, jusqu’en juin 2009 en tout cas. Un accord qui ne
satisfaisait nullement la branche puisque Sabre n’a pas du tout la même
force de frappe que Galileo ou Amadeus en Suisse. La FSAV allait même
jusqu’à parler de poudre aux yeux. C’est dans la nuit de jeudi à
vendredi dernier que les avocats des deux parties ont trouvé un terrain
d’entente: Swiss et Lufthansa signaient alors un contrat de longue
durée avec Travelport et ses deux produits Galileo et Worldspan.
Jusqu’à la fin 2011, les (nombreuses) agences de voyages utilisatrices
de Galileo qui participeront au modèle Preferred Fares auront accès à
tout le contenu des deux GDS, sans taxes supplémentaires. Un nouveau
contexte qui devrait logiquement inciter la FSAV à renoncer à la
recommandation faite il y a quelques mois.   

Reste Amadeus qui continue à gagner avec la régularité du métronome des
parts de marché en Suisse et qui est un acteur dominant de l’important
marché allemand. Là aussi, la direction madrilène du GDS devrait suivre
la voie tracée par ses deux concurrents. En Suisse, Amadeus perdrait
rapidement le contrôle du marché s’il maintenait une position ferme; ce
n’est pas l’objectif recherché puisque le GDS a dû se battre pour
imposer ses solutions alors que Galileo avait déjà deux longueurs
d’avance.

Les agences de voyages suisses ont sans doute surpris la direction de
Swiss (et Lufthansa) en rejetant le modèle de tarifs préférentiels
présenté en janvier. Jamais, à ce jour, la FSAV n’avait fait preuve
d’autant de fermeté. Une attitude qui a sans doute dopé la direction de
Swiss. Certes, les deux compagnies aériennes ont pris les agences en
otage. Mais, finalement, avaient-elles d’autres choix pour faire plier
les GDS et tenter d’économiser cette année quelque 90 millions de
francs? Les méchants d’hier sont les gentils d’aujourd’hui. Très en
vue, Harry Hohmeister a gagné une bataille importante face aux GDS et
Swiss devrait regagner la confiance perdue ces derniers mois.

Et si son attitude a semblé plus «Low Profile» aux yeux de la branche,
Rudolf Schumacher, directeur pour la Suisse, a aussi joué un rôle
majeur dans les négociations, convaincu qu’il était qu’une solution
favorable aux distributeurs pourrait être envisagée si chacun y mettait
du sien. Après la pluie, le beau temps.