En quelques heures seulement, Air Canada et United Air-lines ont
confirmé leur retour à Genève, qui plus est sous la forme dopérations
quotidiennes qui seront assurées dès le printemps prochain. Cela
faisait des lustres que Genève navait pas été à pareille fête:
annoncer au cours de la même journée deux nouvelles liaisons
transatlantiques vers des destinations dont le potentiel est, après New
York, le plus élevé dAmérique du Nord, si lon se base sur les études
fouillées queffectue lAéroport International depuis plusieurs années.
Mais lAIG naffichera jamais un optimisme béat: il sait pertinemment
quetoutes les compagnies aériennes US se sont posées un jour sur son
tarmac quelles ont toutes quitté entre-temps. Air Canada aussi. Mais
dans la conjoncture économique actuelle, ce développement est
extrêmement réjouissant et constitue un signal positif que les deux
transporteurs disent vouloir donner au marché.
Sur Washington comme à destination de Montréal, le développement est
aussi heureux quambitieux. La capitale US est déjà reliée chaque jour
à la Suisse (Zurich) par United. De plus, Washington ne constitue
nullement un hub capable de renforcer lattractivité de deux liaisons
depuis la Suisse et de donner un coefficient de remplissage
satisfaisant depuis Genève, surtout en classe économique. Dailleurs,
la compagnie américaine ne cache pas quelle vise essentiel- lement les
passagers de haute contribution au départ de Genève. La situation dAir
Canada diffère sensiblement: vers Montréal, le trafic que génère déjà
Genève est saisonnier et de nature essentiellement touristique. Ce qui
ne signifie pas quil ny ait aucun potentiel Corporate dans la région
prise au sens large du terme, Air Canada insistant déjà sur le fait
quà terme, lengagement dun délégué de vente pour ce segment de
clientèle est important.
Davantage que le nom des deux transporteurs qui se développeront à
Genève tout en étant conscients de certaines difficultés United parle
de challenge pour la classe économique et Air Canada réduira son nombre
de fréquences à quatre en hiver , cest la volonté de Star Alliance de
renforcer sa position locale quil convient de relever.
Entre Genève et les deux nouvelles destinations doutre-Atlantique,
Star Alliance se heurte à chaque fois à une concurrence très active à
lAIG, Air France-KLM et son alliance SkyTeam. Sur le Canada
francophone comme à destination de la capitale américaine, Air Canada
et United pourraient profiter rapidement de la puissance de Star
Alliance, en particulier de Swiss, pour drainer en Europe de lEst une
intéressante clientèle qui na pas daccès direct et régulier au marché
nord-américain.
Le déploiement des deux nouvelles compagnies à Genève prend aussi une
autre dimension dans loptique de limmunité antitrust demandée aux USA
par la troisième alliance, Oneworld. Petit par la taille, le marché
suisse nen demeure pas moins intéressant pour les alliances dominant
aujourdhui le ciel. Et Genève a un avantage réel face à dautres
destinations au plus fort potentiel: son yield est parmi les plus
élevés qui soient. Les alliances ne sauraient lignorer, qui placent
aujourdhui leurs pions sur léchiquier malgré un contexte négatif.