Aussi heureux qu’ambitieux (Edition 2008-47)

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En quelques heures seulement, Air Canada et United Air-lines ont
confirmé leur retour à Genève, qui plus est sous la forme d’opérations
quotidiennes qui seront assurées dès le printemps prochain. Cela
faisait des lustres que Genève n’avait pas été à pareille fête:
annoncer au cours de la même journée deux nouvelles liaisons
transatlantiques vers des destinations dont le potentiel est, après New
York, le plus élevé d’Amérique du Nord, si l’on se base sur les études
fouillées qu’effectue l’Aéroport International depuis plusieurs années.
Mais l’AIG n’affichera jamais un optimisme béat: il sait pertinemment
quetoutes les compagnies aériennes US se sont posées un jour sur son
tarmac qu’elles ont toutes quitté entre-temps. Air Canada aussi. Mais
dans la conjoncture économique actuelle, ce développement est
extrêmement réjouissant et constitue un signal positif que les deux
transporteurs disent vouloir donner au marché.

Sur Washington comme à destination de Montréal, le développement est
aussi heureux qu’ambitieux. La capitale US est déjà reliée chaque jour
à la Suisse (Zurich) par United. De plus, Washington ne constitue
nullement un hub capable de renforcer l’attractivité de deux liaisons
depuis la Suisse et de donner un coefficient de remplissage
satisfaisant depuis Genève, surtout en classe économique. D’ailleurs,
la compagnie américaine ne cache pas qu’elle vise essentiel- lement les
passagers de haute contribution au départ de Genève. La situation d’Air
Canada diffère sensiblement: vers Montréal, le trafic que génère déjà
Genève est saisonnier et de nature essentiellement touristique. Ce qui
ne signifie pas qu’il n’y ait aucun potentiel Corporate dans la région
prise au sens large du terme, Air Canada insistant déjà sur le fait
qu’à terme, l’engagement d’un délégué de vente pour ce segment de
clientèle est important.

Davantage que le nom des deux transporteurs qui se développeront à
Genève tout en étant conscients de certaines difficultés – United parle
de challenge pour la classe économique et Air Canada réduira son nombre
de fréquences à quatre en hiver –, c’est la volonté de Star Alliance de
renforcer sa position locale qu’il convient de relever.

Entre Genève et les deux nouvelles destinations d’outre-Atlantique,
Star Alliance se heurte à chaque fois à une concurrence très active à
l’AIG, Air France-KLM et son alliance SkyTeam. Sur le Canada
francophone comme à destination de la capitale américaine, Air Canada
et United pourraient profiter rapidement de la puissance de Star
Alliance, en particulier de Swiss, pour drainer en Europe de l’Est une
intéressante clientèle qui n’a pas d’accès direct et régulier au marché
nord-américain.

Le déploiement des deux nouvelles compagnies à Genève prend aussi une
autre dimension dans l’optique de l’immunité antitrust demandée aux USA
par la troisième alliance, Oneworld. Petit par la taille, le marché
suisse n’en demeure pas moins intéressant pour les alliances dominant
aujourd’hui le ciel. Et Genève a un avantage réel face à d’autres
destinations au plus fort potentiel: son yield est parmi les plus
élevés qui soient. Les alliances ne sauraient l’ignorer, qui placent
aujourd’hui leurs pions sur l’échiquier malgré un contexte négatif.