Brüllhardt pourrait se plaire à Glattbrugg (Edition 2007-28)

Dominique Sudan à propos d’Hotelplan Suisse

En juillet 2005, l’officialisation de l’engagement de Stefan Helsing au poste de directeur du Touroperating d’Hotelplan Suisse suscite déjà quelques commentaires: d’aucuns saisissent mal la raison qui a poussé l’ancien directeur de Balair et STA Travel à accepter une fonction subalterne par rapport aux deux postes précédemment évoqués. Car il n’était «que» le responsable du Touroperating, hérité de Peter Spring, nouveau CEO.

D’emblée, Helsing veut imposer ses vues, estimant qu’il convient d’adapter achats et production au goût du jour. Selon lui, le Touroperating classique a vécu. Sept mois plus tard, Hotelplan adopte une structure matricielle où l’on sent la patte d’Helsing et de l’école saint-galloise, même si Boston Consulting Group a aussi joué un rôle important dans cette restructuration. Le fameux Markt-Management choisi alors ne collait de toute façon pas au Touroperating où la capacité de réagir immédiatement face à des événements exogènes est obligatoire. Hotelplan vivra une nouvelle tranche de sept mois sous ce régime avant de renoncer à la fameuse structure matricielle ne conduisant qu’à des discussions internes stériles. Pour Helsing, les divergences de vues commencent car ce retour en arrière constitue le désaveu parfait d’un choix stratégique osé.

Puis – cerise sur le gâteau – il y eut le deal Travelhouse. Même si ce rachat ne concernait pas Hotelplan Suisse mais le groupe au niveau international, Helsing, qui estimait depuis longtemps que l’entité suisse comportait déjà trop de marques, devait y perdre son latin. Le reste est connu: atteinte de réunionite aiguë, la direction d’Hotelplan a perdu du temps. Les divergences étaient multiples et, courageusement, Helsing a tiré les conclusions qui s’imposent.

En Suisse alémanique, le nom de Walter Brüllhardt circule déjà: retiré depuis huit mois à Majorque, l’ancien bulldozer du secteur balnéaire de Kuoni n’est pas officiellement candidat à la succession de Helsing mais effectuera tôt ou tard son retour sur la scène des voyages. De toute façon, son style de management ne conviendrait à aucun autre domaine industriel. Alors autant mettre à profit un know-how réel et un networking impressionnant dans le segment moyen-courrier.

Brüllhardt, certes, n’a jamais été «Hotelplan minded». Mais depuis son «départ» de chez Kuoni, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Limmat: Kuoni a entrepris une longue mue qui doit durer douze mois – c’est long douze mois… – et qui fera de toute façon des victimes, Travelhouse grandit très (trop?) vite, et Hotelplan, que l’on dit numéro un en tenant compte du groupe dirigé par Stirnimann, se tâte en matière de Touroperating. Brüllhardt, avec la puissance de feu d’Air Berlin/Belair devenue la compagnie maison, pourrait se plaire à Glattbrugg.