Certains osent, d’autres pas (Edition 2007-02)

Dominique Sudan à propos des risques charters

Depuis la déconfiture de certaines entreprises trop gourmandes qui n’avaient pas la taille critique (Cruisair, Check-in, etc.), la plupart des TOs de Suisse romande ne touchent plus aux charters. Le risque est trop grand et l’entente qu’il pourrait y avoir entre plusieurs producteurs concurrents mais actifs sur une même destination – on pense à l’Egypte ou à l’Espagne –  ressemble à un dialogue de sourds. Exit les vols affrétés communs, de peur que le «concurrent» ne casse les prix de dix francs…

Mais toute règle a ses exceptions. Depuis de longues années, Air Marin, leader incontesté sur la Tunisie, et
son concurrent et ami Univair dominent le marché de la tête et des épaules. Les deux TOs prennent à l’année des risques payants qui leur permettent de se profiler comme des opérateurs incontournables sur la Tunisie balnéaire et plurielle.

TO monoproduit par définition, Bentour programme également ses propres opérations affrétées, malgré la baisse réelle de la demande sur la Turquie.

Enfin, VT Vacances ferme le carré et demeure le seul TO indépendant à 100 pour-cent romand à prendre autant de risques charters sur le bassin méditerranéen, Iles Canaries comprises. Toutes les autres opérations charters de Genève sont le fait de producteurs de grande taille ou de filiales d’un grand groupe.

Exception faite de Bentour qui est aussi affilié à un grand groupe turc et doit également assurer le meilleur taux d’occupation de ses propres hôtels, l’exemple des trois seuls TOs romands qui osent prendre des risques parle de lui-même: dans les trois cas, ces entreprises sont leaders sur leur destination. Dans les trois cas, leur notoriété est nettement supérieure à la moyenne dans le réseau de distribution. Et dans les trois cas, ces TOs sont reconnus à leur juste valeur par les grands qui leur ouvrent la porte de leurs agences ou leur offrent un certain nombre de sièges à bord des vols charters de leur maison mère.

D’aucuns rétorqueront que la flexibilité qu’exige le client n’est garantie que par les opérations aériennes régulières. C’est sans doute vrai, mais ça ne l’est moins lorsqu’il s’agit de transiter par un grand aéroport pour un vol moyen-courrier.

Ô surprise, la flexibilité dont il est ici question, on la retrouve chez les trois TOs romands qui prennent des
risques charters tout en programmant en parallèle de nombreuses liaisons de ligne vers leur destination
fétiche. Qui a raison? Celui qui ose ou celui qui hésite?