«Certains vont voir ailleurs, pour mieux revenir ensuite» (Edition 2015-31)

Stéphane Jayet accepte de commenter la situation actuelle de la relève au sein de la branche des voyages en Suisse romande.

Est-ce qu’aujourd’hui l’appren-tissage ne risque pas de disparaître au profit des formations privées parfois plus courtes?

Non je ne le pense pas, toutefois, je reste convaincu qu’une synergie est nécessaire entre la formation duale (CFC) et une post-formation comme certaines écoles supérieurs peuvent fournir (EIT par exemple). Il est évident que tout s’accélère et doit s’accélérer si nous parlons avec la relève, mais l’appren-tissage reste une valeur sûre pour sa pertinence et son dynamisme, notre modèle économique global le confirme. D’ailleurs bon nombre de délégations internationales viennent en Suisse pour s’inspirer et s’intéresser de plus près à cette formation en entreprise.

L’argent des employeurs reste le nerf de la guerre, est-ce que les agences actives n’ont plus les moyens financiers de former?

Au sein de la FSV, nous mettons tout en œuvre pour réduire et optimiser les coûts liés à cette formation complète. D’ailleurs, la Fondation cantonale pour la formation professionnelle (FONPRO) prélève, via les caisses d’allocations familiales et à toutes les entreprises vaudoises, un montant de 0,09%. Ce montant est redistribué uniquement aux entreprises formatrices et ceci permet de couvrir le 100% du montant facturé par la FSV. Donc, je réponds clairement NON et suis convaincu que c’est une fausse excuse.

Bon nombre d’agences ont un personnel relativement jeune, cela ne risque-t-il pas d’avoir un effet léthargique sur la formation de la relève?

Non au contraire! En effet, je constate une forte implication des jeunes employés car la plupart sont issus de ce canal de formation et je m’en réjouis! La lé-thargie provient beaucoup plus de cadres actuels qui se sont faits leur place au sein de leur réseau ou de leur agence propre et qui ont oublié qu’à leur époque, un ou une responsable d’agence leur a donné une chance pour commencer un apprentissage de commerce dans le secteur des voyages…

La tendance qui voyait les jeunes quitter la branche après quelques années seulement s’est-elle changée?

Il y a toujours une proportion de jeunes diplômés qui vont «voir ailleurs» après leur formation, mais pour mieux revenir pour certains. L’expérience engendrée par ces jeunes peut être extrêmement bénéfiques lors de leur retour dans notre secteur d’activités.

Les jeunes ont tendance à réserver par eux-mêmes. Est-ce que c’est un élément qui peut influencer le choix d’une formation dans ce secteur?

Oui, mais cela peut aussi motiver certaines carrières et donner du relief à notre secteur d’activités. Nous constatons, au niveau Suisse, que les jeunes de la génération numérique, se tournent de plus en plus vers les agences de voyages pour obtenir des conseils et une valeur ajoutée qu’ils n’ont jamais reçus lors de leurs différents achats online. La tendance n’est pas encore forte mais elle est identifiée, ce qui est un bon signal. A nous, à nos jeunes d’accompagner également la nouvelle clientèle… raison de plus pour former des apprentis en agences de voyages!

CD