C’est dans le besoin qu’on le reconnaît (Edition 2011-03)

Cédric Diserens à propos de la Tunisie

Les professionnels ont déjà eu l’occasion de prouver leur utilité et leur valeur au cours de ces dernières années. Avec la Tunisie, le défi est encore différent. Car sur la carte du monde, la Tunisie est proche. Sur la carte des voyages, la Tunisie est une destination que l’on connaît et qui est appréciée. Pourtant, la situation de la Tunisie n’est pas unique. Pour mémoire, la Côte d’Ivoire traverse actuellement une crise présidentielle.

Et si l’on ajoute les catastrophes naturelles aux troubles politiques, l’Australie, le Pakistan ou encore Haïti souffrent de situations plus ou moins préoccupantes. Mais celles-ci sont loin, à la fois de l’inconscient collectif et des préoccupations d’une grande partie des professionnels des voyages – à l’exception de ceux qui sont actifs sur ces destinations. Difficile de le leur reprocher, tant il est déjà compliqué de gérer une seule crise à la fois.

Ce qui ressort de la crise tunisienne, c’est que la branche semble face à un véritable dilemme. D’un côté, la Tunisie est un pays qui dispose d’une longue tradition d’accueil et qui chérit le tourisme. Dès lors, il est inconcevable d’imaginer que les touristes soient les victimes d’un quelconque mouvement. D’autre part, il reste le risque de l’accident, totalement incontrôlable, qui peut être fatal.

A nouveau, on est en droit de s’interroger sur la manière d’aborder la question. Préserver les voyageurs en déconseillant le voyage sur place au détriment du pays qui se retrouve isolé? Ou maintenir la confiance dans la destination en prenant le risque de sous-estimer l’imprévu et mettre potentiellement les voyageurs en danger? La question s’est déjà maintes fois posée et elle se posera vraisemblablement encore.

Toujours est-il que cette fois à nouveau, les professionnels de la branche ont pu montrer leur utilité et leur efficacité à la clientèle. En cas de crise, non seulement le rapatriement est organisé, mais des conditions spéciales sont spontanément édictées en accord avec les prescriptions fédérales. Bon courage à celle ou celui qui aura réservé sur Internet et devra batailler avec un hôtel ou une compagnie aérienne qui n’aura pas cessé ses vols.

Car le conseil d’un professionnel c’est aussi fait pour rassurer le voyageur. On peut rechercher l’aventure ou la découverte en sortant des sentiers battus. Dès que les choses prennent une tournure inattendue, on cherche à se réfugier chez soi. 

Et d’une certaine manière, la réaction est compréhensible. Qui apprécie d’assister à un conflit chez un hôte? Quelle leçon(s) retirer de cette histoire? Tout d’abord, l’agent de voyage ou le tour-opérateur est comme un ami. Car c’est dans le besoin que le reconnaît justement.