«Chaque aéroport dépend d’une airline dominante» (Edition 2015-03)

Genève Aéroport sort d’une année record et voit Easyjet accroître encore ses parts de marché.

Robert Deillon, comment expliquez-vous la croissance 2014?

L’aéroport de Genève est le baromètre économique de la région qu’il dessert. Genève, en tant que place commerciale, économique et financière, se porte très bien. Nous sommes la porte d’entrée des Alpes françaises et suisses et profitons du dynamisme d’un tourisme qui se développe été comme hiver. Par ailleurs, la région qui constitue notre zone de chalandise, au-delà de nos frontières cantonales et même nationales, affiche un beau dynamisme au plan industriel. Enfin, les crises politiques de par le monde viennent encore renforcer Genève en tant que place diplomatique, de sorte que tous nos segments de clientèles sont satisfaits par la conjoncture.

Ne faut-il y voir que l’apport d’Easyjet et de ses 64 destinations l’an dernier?

Les chiffres sont têtus! En 2014, Easyjet représente plus de 40 % des parts de marché: les nouvelles routes ouvertes par la compagnie au départ de Genève ont créé de nouveaux passagers, ce qui vient incontestablement nourrir les bons résultats de Genève Aéroport. Les chiffres 2014 révèlent toutefois que d’autres compagnies traditionnelles, au premier titre desquelles Swiss, ont des taux de croissance tout à fait remarquables. Par ailleurs, les lignes intercontinentales affichent elles-aussi une bonne santé.

Selon diverses analyses, dépendre d’un seul transporteur à plus de 40%, qui plus est Low Cost, comporte des risques. Quel est votre avis à ce sujet?

Tous les aéroports dépendent d’un opérateur dominant. Le fait qu’à Genève, ce soit une compagnie à bas coût n’est pas un problème, si l’on veut bien se rappeler que notre vocation est de faire du point à point. Par ailleurs, il faut aussi différen-cier les compagnies à bas coût entre elles. Depuis bientôt 15 ans qu’Easyjet est présent à Genève, nous traitons avec des interlocuteurs qui disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent: il s’agit donc d’un partenaire fiable. Notons également que les aéroports qui ont pris des risques sont ceux qui sont devenus des aéroports Low Cost, ce qui n’est pas le cas de Genève, qui ne cesse d’augmenter la qualité des services offerts aux 50 autres compagnies qui y opèrent.  

Qualifié d’aéroport Low Cost, Bâle, par exemple, verra le retrait de la compagnie nationale au mois de mai. N’est-ce pas un signal d’alarme?

L’aéroport de Bâle termine l’année 2014 avec un trafic supérieur à 6,5 millions de passagers, en hausse de 11% par rapport à 2013. C’est le meilleur taux de croissance de la Suisse et sans doute de toute l’Europe. Sa direction se dit confian-te dans le fait que d’autres opérateurs vien-dront se substituer à Swiss. Par ailleurs, il se développe sur cette base une activité cargo très prometteuse. Il n’y a rien d’alarmant dans ces perspectives.

Comment analysez-vous le développement de la base de Swiss à Genève et le développement de son réseau sur une base saisonnière?

Swiss s’est définitivement imposée comme la compagnie nationale dans le cœur des Suisses. Ses dirigeants ont compris que le potentiel de développement de la compagnie passait inexorablement par la Suisse occidentale. Le développement de sa base genevoise vient parachever les efforts consentis par ses dirigeants, au fil des dernières années, pour reconquérir l’adhésion des Romands. Les produits «régionaux» que développe la compagnie rencontrent les attentes de sa clientèle. Il faut se réjouir de voir une concurrence s’installer à certaines périodes de l’année sur certaines destinations, car au final, c’est le passager qui est gagnant.

DS