Danger potentiel pour les charters genevois (Edition 2007-47)

Dominique sudan à propos de l’offensive d’Air Berlin

Air Berlin/Belair sortent l’artillerie lourde pour le prochain été charter au départ de Zurich, voire de Bâle. Même si le nombre de vols et les sièges qui vont avec ne sauraient être assimilés à du charter classique, l’offre est énorme et parle en faveur d’une analyse en profondeur des rotations d’antan obligeant le client à réserver un séjour de sept ou de quatorze jours, sans autre alternative.

Il ne convient aucunement d’ôter un quelconque mérite à tous les TOs romands qui osent prendre des risques
charters à l’année au départ de Genève (Air Marin, Univair, etc.)  Il convient au contraire de saluer leur initiative louable. D’autres producteurs les imitent, mais sur une base saisonnière, qui en affrétant ses propres appareils en été (Frantour, Géo-Découverte, Sierramar, VT Vacances), qui en disposant de contingents auprès d’autres partenaires. Il faut aussi rappeler la longue fidélité d’une Edelweiss qui a contribué à relancer la machine charter à Genève en tirant un trait sur un passé marqué par une lutte charter impitoyable; on sait ce qu’il advint, avec des rotations à moitié vides (ou à moitié pleines) qui ont finalement convaincu les grands à tirer à la même corde à Genève en jouant la seule carte Edelweiss.

Mais lorsqu’on analyse le programme de rotations charters à Genève, on doit se rendre à l’évidence: exception faite de la Tunisie, il ne s’agit que de programmation classique. Et même une EasyJet s’est lancée sur des destinations à vocation purement touristique et continuera dans cette voie, mais avec une approche complètement différente de celle d’Air Berlin/Belair à Zurich. Le risque est donc là: l’offensive d’Air Berlin/Belair voire d’EasyJet constitue un danger potentiel pour la programmation charter au départ de Genève.

Car la fréquence des vols sur des destinations phares comme Palma de Majorque desservie deux fois par jour ou Las Palmas et Heraklion reliées à Zurich quatre fois par semaine répond aussi à l’évolution du marché: la clientèle d’aujourd’hui aspire à la plus grande flexibilité possible même lorsqu’il s’agit de balnéaire. Si le prix suit, la partie sera gagnée pour les TOs et les airlines jouant cette carte-là: une partie de la clientèle romande pourrait basculer sur Zurich.

Toutefois, il ne faut pas non plus peindre le diable sur la muraille. Les horaires proposés au départ de Zurich ne devront pas pénaliser la plus grande partie du marché romand pour que l’offre ne perde pas d’un coup son attractivité. Quant aux problèmes opérationnels que connaît le marché charter en pleine saison estivale, ils peuvent aussi rompre rapidement la fameuse flexibilité que l’on met en avant. L’été prochain  constituera finalement un test intéressant: le client suisse a-t-il vraiment changé ses habitudes sur le moyen-courrier? Privilégiera-t-il la flexibilité aérienne? Le prix final ne restera-t-il pas déterminant?