Danse avec les monnaies (Edition 2011-35)

Cédric Diserens à propos des réductions de change

Depuis que l’euro et le dollar ont emprunté une voie qui ressemble plus à des montagnes russes qu’à une courbe d’évolution monétaire, l’économie helvétique ne sait plus où donner de la tête. Tandis que dans certains secteurs les solutions choisies par les entreprises vont du versement des salaires en euros à des projets quasi utopiques d’exonérations d’impôts en 2011, en passant par la sinistre case des licenciements, le secteur des voyages ne sait plus très bien sur quel pied danser.

D’un côté, le franc fort plaît à la branche du tourisme, car il implique que les touristes helvétiques hésiteront moins à voyager. Les USA sont un exemple de ce cas de figure avec un taux extrêmement bas. A l’heure où nous bouclons, il affiche 0,82 centimes, alors que l’euro est à 1.18 francs. De l’autre côté, les voyagistes semblent culpabiliser de facturer aux clients des produits par rapport à un taux qui a quand même perdu 20 centimes.

Premier en Suisse romande à avoir lancé la tendance, VT Vacances annonçait à la mi-janvier avoir revu ses prix à la baisse avec un maximum à 15%, le tout avec effet rétroactif au début de l’année. La baisse était «garantie» pour les réservations jusqu’à la fin février, puis sous réserve d’un hausse de la monnaie européenne. On sait aujourd’hui la route qu’à emprunté l’euro.

D’autres ont ensuite emboîté le pas, optant soit pour une réduction au cas par cas (selon le taux du jour), soit pour une réduction forfaitaire (choix d’un taux fixe et réduction à hauteur de la différence obtenue). C’est le cas par exemple de Club Med Suisse qui, le 23 août dernier, annonçait un ajustement du taux de change à CHF 1.10 pour les saisons automne 2011 et hiver 2011/2012.

Kuoni n’a pour sa part appliqué aucune réduction particulière. En contrepartie, Helvetic Tours a pris l’option d’offrir des réductions pour réservations anticipées «plus importantes que la baisse potentielle des cours de change.» La baisse annoncée oscille entre 15% et 22% suivant que l’on regarde vers l’Egypte ou la Thaïlande.

Le risque d’une telle pratique est que lorsque la monnaie prend l’ascenseur pour effectuer le trajet inverse, il devient difficile, voire gênant, de faire marche arrière. Reste à savoir si les mesures prises par les différents acteurs de la branche (STA Travel, Voyageplan, MSC Croisières, FTI, etc.) relèvent d’abord 

d’un calcul posé et réfléchi, ou s’il s’agit plutôt d’un réflexe spontané destiné à attirer le chaland. En cas d’erreur, les conséquences pourraient vite être désastreuses, que ce soit en termes économiques ou en termes d’image.