Darwin dans le cockpit de Baboo (Edition 2010-48)

Dominique Sudan à propos du deal Darwin/Baboo

Après plus de deux mois de tergiversations, Baboo a trouvé une première solution à ses problèmes. Cette solution est suisse et se prénomme Darwin Airline, qui reprend une partie des activités de Baboo mais, en aucun cas, ne rachète la compagnie genevoise. Durant les dix semaines qui se sont écoulées entre l’annonce du lancement d’un programme de restructuration et celle de l’arrivée de la compagnie régionale tessinoise, Baboo aura traversé un ciel plus que tourmenté.

Parmi les mesures impopulaires déjà prises figurent l’abandon d’un ambitieux programme charter, celui des jets de type Embraer 190, la fermeture des lignes vers London City et Athènes et le licenciement confirmé de cinquante-deux collaborateurs. De toute manière, Baboo n’avait pas d’autres choix: malgré la croissance soutenue où son chiffre d’affaires a augmenté de 30 pour-cent sur deux ans, le seuil de rentabilité n’a jamais été atteint. Certes, la stratégie de croissance et d’alliances a eu un impact favorable sur les ventes (hausse du nombre de passagers de 38 pour-cent) mais Baboo n’a jamais volé dans les chiffres noirs. Pire, elle perdrait quelque 32 millions de francs par année, chiffre que le management ne commente pas.

Pour en arriver là, de multiples erreurs ont été commises. En fait, tout tourne autour des trois Embraer 190. L’acquisition de ces appareils chers à l’exploitation a obligé Baboo à développer son réseau, souvent sans trop de discernement. Elle a également eu pour conséquence directe le gonflement des effectifs. Au final, une double mesure s’est imposée: réduire la flotte et la masse salariale.

Contrairement à la piste Flybe lancée par «Sunday Times» ou à l’intégration dans un grand groupe aérien franco-hollandais, c’est la voie suisse Darwin que suit Baboo. Cela ne signifie nullement que tous les problèmes sont aujourd’hui résolus. L’équation comporte en effet de multiples inconnues, l’accord final entre les deux sociétés ne devant être annoncé qu’au début de l’année prochaine. Techniquement, on sait que les deux marques seront maintenues dans une première phase. 

Mais d’autres licenciements devraient suivre chez Baboo puisque Darwin ne reprendra que 75 collaborateurs environ et que les postes les plus importants au niveau du management seront occupés par des éléments de Darwin, CEO compris. Cela signifie aussi que l’avenir de Mark Darby, patron de Baboo est ouvert. Au plan commercial, dans le domaine des ventes et du marketing, Lugano sera le cœur de la nouvelle entité, Genève ne conservant qu’une base opérationnelle. En clair, Darwin est désormais dans le cockpit de Baboo.