Darwin réussit là où la défunte Baboo a échoué (Edition 2013-35)

Transport aérien régional

Conçues à peu près au même moment, c’est-à-dire lorsque Swiss International Air Lines naissait sur les cendres de Crossair, la genevoise Flybaboo et la tessinoise Darwin ont connu deux sorts totalement opposés. La première vécut un envol très prometteur jusqu’au moment où son fondateur, Julian Cook, quitta le cockpit pour laisser le manche à des professionnels souffrant du même syndrome que la grenouille chère à un certain La Fontaine: mauvais choix de destinations, avions trop chers à l’exploitation, management et personnel surdimensionnés, Baboo enfla si fort qu’elle creva.

La phase d’intégration dans Darwin d’une partie des activités de Baboo terminée, la compagnie régionale tessinoise put enfin aller de l’avant. Aujourd’hui, sa flotte n’est composée que de Saab 2000, son réseau grandit lentement mais sûrement aussi bien en termes de lignes régulières que d’opérations saisonnières, le nombre de passagers transportés prend l’ascenseur et les accords commerciaux conclus avec plusieurs membres de Skyteam, Etihad et Swiss permettent à Darwin de consolider sa position au niveau régional européen. Ce faisant, Darwin réussit là où Baboo a échoué. En appliquant une stratégie multi-bases (Lugano, Genève, Leipzig, Cambridge), Darwin doit aussi faire preuve de prudence: elles s’attaquent à gros marchés à connotation Low Cost/Low Fares dans le but premier d’alimenter les deux hubs d’Air France-KLM. Un défi ambitieux dans la mesure où le marché potentiel n’y est pas forcément immense et où la capacité cabine et soute des Saab 2000 ne permet pas le traitement de gros volumes de passagers. 

En parlant de la flotte qui comptera prochainement douze appareils, Darwin devra prochainement faire face à un problème réel: les Saab sont des appareils vieillissants et leur remplacement sera inéluctable, avec tout le processus d’analyse qu’il conviendra de suivre au préalable. Là, un problème de financement risque fort de se poser, à moins que Darwin soit en mesure de procéder à une nouvelle augmentation de capital ou à aller plus loin que les simples accords commerciaux qui la lient aujourd’hui à de grandes compagnies mondiales. Musique d’avenir, mais il faudra bientôt y songer.

Dominique Sudan