Dilettantisme professionnel (Edition 2007-07)

Dominique Sudan à propos des «no-shows» genevois

Contrairement à l’agenda zurichois, le nombre de présentations et d’événements professionnels organisés à
Genève n’est pas sans rappeler une fameuse peau de chagrin. En une dizaine d’années, l’agenda en question s’est allégé régulièrement. Le marché a-t-il changé à un point tel que tout ce qui touche à l’industrie du tourisme doit obligatoirement se limiter à l’agglomération zurichoise? On répondra par la négative.

Les professionnels genevois sont les premiers responsables de la situation actuelle – le reste de la Suisse romande n’a jamais adopté cette attitude méprisante à l’égard des (rares) événements organisés chez elle, bien au contraire. Qu’on en juge: en l’espace de trois jours, l’alliance Oneworld et ensuite la région de Biarritz ont convié les Genevois à un rendez-vous de fin de journée. En tout, 83 inscriptions mais 47 «no-shows»! Ce coupable dilettantisme institutionnalisé qui dure depuis trop longtemps commence vraiment à irriter les centres de décision de Zurich et d’ailleurs. Même lors de l’ITB 2006, une importante compagnie aérienne biffait Genève en énumérant les sites envisagés pour sa prochaine approche en Suisse.

TOs, compagnies aériennes, offices de tourisme et autres chaînes hôtelières n’hésitent plus à remettre en question le bien-fondé d’une manifestation dans la cité de Calvin. Nul ne saurait plus s’en offusquer. Genève s’est toujours distinguée par cette «différence» qui confine à l’arrogance. Précédemment, tout ce qui se tenait au-delà de Versoix était considéré comme simple bénichon campagnarde. Aujourd’hui, on s’inscrit à tout ce qui bouge mais on n’y participe pas.

Les multiples prétextes officiels sont une litanie éternelle: baisse des effectifs dans les agences, absence de collègues, problème de langue, etc. C’est sans doute vrai en partie mais cela ne justifie nullement l’incroyable taux d’abstentionnisme relevé fréquemment. Là, les chefs d’agence et les directeurs régionaux ne doivent pas négliger leur rôle de supérieur hiérarchique et revenir, malheureusement, aux ordres de marche classiques puisque cela semble la seule manière de faire entendre raison à une partie de leur personnel.

Car si l’on comprend tout à fait que les Romands ne soient pas légion lors d’un événement comme la Journée Touristique de St-Gall (là, l’éloignement géographique est un handicap majeur), on peine à admettre que des rendez-vous professionnels censés approfondir les connaissances d’un produit ou d’une destination en mouvement perpétuel soient snobés de la sorte. A ce rythme, la Genève internationale sera rayée de la liste des villes incontournables lors de la tenue de workshops et autres roadshows.