Drukair ou 25 ans de garde à vue (Edition 2008-43)

Malgré une navigation aux instruments impossible à Paro, seul aéroport du Bhoutan, la plus petite compagnie nationale du monde fête ses 25 ans.

Quand un pays est aussi géographiquement isolé que le Bhoutan, chacun
comprend bien l’intérêt du développement aérien. Mais lorsque l’on se
rend compte de toutes les contraintes dues au relief, il est plus aisé
d’imaginer le courage de ceux qui jouent encore aujourd’hui, et 25 ans
après le premier vol de la compagnie Drukair (KB) créée deux ans plus
tôt, un rôle de pionnier.

«Durant ces 25 dernières années, Drukair a permis de casser toutes les
barrières de l’isolement», estime Lyonpo Om Pradhan, Chairman de la
compagnie. De son côté, Tadin Jamso, Chief Executive Officer, rappelle
que tout a commencé en 1983 avec un Dornier 228 de 18 sièges. «Tous les
habitants du village de Paro sont venus à l’aéroport voir ce qu’ils
appelaient le dragon volant (le dragon est le symbole du royaume) et
qui permettait de relier Kolkata puis, peu de temps après, Dhaka. Le
Dornier fut remplacé en 1989 par un BAe-146 qui a permis l’ouverture
internationale avec des vols sur Bangkok, Delhi et Katmandou. Mais le
développement a pu être assuré grâce à l’arrivée, en 2004, de deux
Airbus 319 pouvant transporter 114 passagers en 2 classes.»

Aujourd’hui, l’heure est aux nouveaux challenges. La compagnie pense à
un troisième appareil (du même type) pour 2009 ou 2010. Mais il faut
également réfléchir à un autre aéroport. Lorsque l’on se trouve à bord
et que l’on se laisse attirer par les paysages extérieurs on en
oublierait qu’atterrir à Paro relève de l’exploit.

Au niveau des aéroports internationaux, Paro est classé comme le plus
difficile au monde selon Airbus. Il faut dire que si l’approche est
assez extraordinaire, c’est bien parce qu’il s’agit d’une vallée à 2000
mètres d’altitude entourée de hautes montagnes. A Paro, les pilotes ne
se servent que des VFR (visual flights rules) et ne peuvent travailler
aux instruments. Autre problème, il faut voler de jour.

Au printemps, par exemple, il est impossible d’approcher l’après-midi
en raison des pluies et des vents. Même chose quand les conditions
atmosphériques sont diffi-ciles. Autant dire qu’aucune compagnie
internationale autre que Drukair ne se pose à Paro.

Alain Bossu