Easyjet n’est plus un «Sonderfall» romand! (Edition 2012-37)

Swiss lance des tarifs oneway

Lorsque Easyjet donnait naissance à une entié suisse en reprenant l’ancienne TEA Switzerland et qu’elle ouvrait une base à Genève, les compagnies régulières actives en Suisse, en particulier la compagnie nationale, n’accordaient guère de crédit à ce modèle commercial et ne donnaient que peu de chances de survie à un tel concept. Cette période est révolue, Easyjet et les autres Low Cost ont contraint les transporteurs réguliers à revoir leur structure tarifaire. 

En 2011, Easyjet détenait 38% de parts de marché à Genève, soit plus du double de Swiss qui traitait pourtant 15,3% du volume total. Au terme du premier sem-estre de son actuel exercice commercial, soit à la fin janvier dernier, le nombre de passager affichait une nouvelle hausse de 14% à Genève et de 21% à Bâle, les deux seuls aéroports desservis par Easyjet, qui juge Zurich beaucoup trop cher. 

Pour Swiss, c’est trop. A l’image de ce qu’elle fait déjà dans le long-courrier vers l’Asie ou l’Amérique du Nord en appliquant aux départs de Genève une structure tarifaire nettement plus attrayante que celle mise en place à Zurich, Swiss va beaucoup plus loin avec le lancement de tarifs oneway vers quatre destinations. British Airways le fait d’ailleurs déjà sur l’axe Genève–Londres où Easyjet occupe une position dominante. Officiellement, Swiss explique ce test par le fait que les Romands souhaitent de meilleurs prix et davantage de flexibilité. Mais la démarche va plus loin: attaquer frontalement Easyjet sur son propre terrain de jeu et avec les mêmes armes. Et même si elle indique que le bilan de l’opération sera dressé en fin d’année, on doute que Swiss fasse ensuite machine arrière: elle maintiendra cette approche oneway sur les destinations à haut flux de passagers ou souffrant d’une trop grande capacité. 

Ce faisant, Swiss prouve qu’Easyjet n’est plus un «Sonderfall» romand et que sa force de frappe est sérieuse. Avec cet outil de yield management, Swiss stimule aussi le marché au plan marketing. Contrairement à Easyjet où le retour peut coûter trois fois plus cher que l’aller, elle publie dans les canaux de distribution des tarifs oneway TTC. Mais Swiss encourt aussi le risque que le passager vole avec la concurrence au retour. L’avenir le dira.

Dominique Sudan