Emirates double ses vols à Genève (Edition 2016-03)

Une capacité énorme qu’il conviendra bien d’écouler

Cinq ans jour pour jour après son premier vol quotidien entre Dubaï et Genève, Emirates doublera la mise le 1er juin: une deuxième opération quotidienne sera lancée en soirée en Boeing 777-300ER, soit exactement le même type d’appareil qui opère déjà le vol de l’après-midi. Emirates offrira au total quelque 720 sièges par jour, en plus du millier proposé chaque jour à Zurich par deux Airbus A380. A ce jour, jamais Genève n’avait disposé d’une telle capacité à destination du golfe Persique, les deux autres «majors» de la région assurant également leur propre service quotidien.

Emirates entend ainsi améliorer la flexibilité dans les deux sens et ses propres correspondances sur le hub de Dubaï où les connexions, certes, sont multiples, mais où le temps d’attente est parfois relativement long, surtout de nuit. En doublant Genève, Emirates applique strictement son «business plan» qui, partout, se base dans un premier temps sur un vol quotidien puis au minimum sur un «double daily». La demande irait crescendo en Suisse romande et justifierait pleinement cette ambitieuse augmentation de fréquences. 

Cette capacité énorme pour Genève, il conviendra de l’écouler. Là, force est d’admettre qu’Emirates a le sens de l’anticipation. Sans vouloir casser les prix, elle lance ponctuellement des actions tarifaires ciblées que seul son réseau extrêmement dense lui permet d’absorber. Sa stratégie «one stop» lui permet en tout temps de garantir des taux de remplissage élevés au-delà de Dubaï en jouant avec l’occupation des vols d’apport provenant du monde entier. Et la compagnie sait aussi que les grands hubs européens frisent tous la saturation ou sont en passe de le faire.

En fait seules les airlines du golfe Persique sont capables d’agir ainsi, elles qui sont à l’origine de la consolidation du marché aérien au niveau mondial. Nullement liées aux multiples contraintes des grandes alliances dont la construction remonte aux années 90, les airlines du Golfe ont les mains libres. Elles affichent une croissance insolente tout en étant aussi les plus importants clients d’Airbus et de Boeing. Face à une telle puissance de feu, il est difficile de régater.    

Dominique Sudan