Depuis quelle a changé de Corporate Identity, Baboo na pas résolu
léquation à trois inconnues qui se présente à elle: maîtriser une
croissance rapide puisquelle triple de volume, assurer le meilleur
positionnement possible et atteindre rapidement léquilibre afin de
régler limportant problème de masse critique. Aujourdhui, Baboo fait
son mea culpa: elle se retire de Kiev et ninsistera plus sur
Saint-Pétersbourg où les Russes auraient de toute façon dit «niet»
pendant longtemps.
Dans un cas comme dans lautre, des erreurs dapproche ont été
commises: visiblement, aucune étude de marché approfondie na été menée
avant dannonce louverture de Kiev à des tarifs dappel défiant toute
concurrence. Quant à louverture de Saint-Pétersbourg, elle ne peut se
faire quavec lappui dun partenaire local. Ce mode de fonctionnement
existe dans le golfe Persique depuis belle lurette: sans parrain, point
de salut.
En concentrant sa stratégie de croissance sur le réseau court-courrier,
Baboo prend loption quil faut. Ses nouveaux appareils ne sont pas
vraiment bon marché à lexploitation et souffrent parfois de maladies
denfance qui peuvent dévaloriser rapidement un produit pourtant fort
sympathique. Mais sur quatre des cinq axes choisies, Baboo sera en
concurrence directe avec Air France (Toulouse), EasyJet (Bordeaux) et
Swiss (Athènes et Bucarest). Durant la belle saison, cette concurrence
nest nullement dramatique. Mais en hiver, le problème est différent.
Et en raison des coûts opérationnels de ces nouveaux avions, Baboo
courrait au suicide en tentant dattirer le chaland par des prix
cassés. Aussi réjouissant fût-il, le développement de Baboo étonne
aussi par le choix des destinations: aucune dentre elles na, en
hiver, le potentiel suffisant pour assurer une double opération
rentable au départ de Genève.
Pour la compagnie genevoise, la conclusion rapide daccords commerciaux
simpose aussi. Car même un problème technique mineur, à Athènes,
Bucarest ou Zagreb, savérera dramatique pour un transporteur esseulé
et sans accord interline. Baboo développera dans un premier temps ces
fameux vols triangulaires avec courte escale à Genève afin déviter le
piège du point à point pur et dur, mais elle doit absolument faire le
pas et frapper à la porte de grands transporteurs, voire dune
alliance, qui lui garantirait léquilibre sans lequel aucune compagnie
ne survit. Surtout par les temps qui courent où vingt-cinq compagnies
ont mis la clef sous la porte en lespace de quelques mois.