Et l’on entend toujours siffler le train… (Edition 2013-09)

Ouigo de la SNCF

Plus que jamais, le train veut entrer dans l’air du temps. Un peu comme si ce moyen de transport avait connu une fulgurante évolution, puis était resté bloqué dans les années 1970, jusqu’à devenir ringard et démodé. Aujourd’hui, la grande vitesse s’installe dans tous les pays et l’offre devient réellement très attrayante. La démarche « Ouigo » s’inscrit dans cette optique, à la fois jeune et dynamique. Rien que le nom représente tout un programme.

La cible est clairement définie: la clientèle qui prend habituellement la route pour se rendre en vacances, autrement dit les familles. A l’heure où le carburant atteint des pics en termes de prix, l’argument peut s’avérer payant. Rien ne semble donc arrêter le train dans sa course à la reconquête d’une place dans les déplacements du XXIe siècle. Confort pour ceux qui souhaitent payer le prix, attractivité tarifaire pour ceux qui y sont sensibles. Rien n’est laissé au hasard.

Il reste cependant une limite qui tôt ou tard va se révéler gênante: le réseau. Toutes les destinations ne sont pas reliées au réseau ferroviaire. La compagnie aérienne Air France le remarque justement et axe son offre régionale sur des lignes où le train n’est pas encore présent. Et l’on sait à quel point il est difficile aujourd’hui de construire de nouvelles lignes ferroviaires, surtout avec les normes nécessaires pour l’exploitation à grande vitesse.

Les écologistes défendent le paysage, les propriétaires s’opposent au bruit et à la cadence infernale des dessertes horaires des trains qui pourraient venir à passer sous leurs fenêtres… Sans compter les questions de coûts. Aussi, les compagnies aériennes de ligne et le train pourraient tôt ou tard former une véritable alliance complémentaire, du moins pour ce qui concerne le trafic court-courrier, bien entendu. D’ailleurs, l’un et l’autre ont beaucoup à s’apprendre.

Le train sait aujourd’hui avoir une véritable offre à bord et dispose d’une notion de confort très développée (il suffit de voyager à bord d’un AVE espagnol ou d’un ICE allemand pour le constater). En contrepartie, l’avion est au point en termes de distribution. Les passagers entendront-ils l’appel du train qui les siffle ?

Cédric Diserens