Fermeture inéluctable (Edition 2007-15)

Dominique Sudan à propos de TUI/NF

TUI Suisse aura finalement attendu seize mois avant de fermer les deux agences Nouvelles Frontières qu’il
contrôlait depuis le début de l’année dernière en Suisse romande. Une décision stratégique qui ne surprendra personne.

Depuis plusieurs années, Nouvelles Frontières (NF) s’essoufflait. Dans l’environnement actuel, l’approche de la marque française ne collait plus au marché. L’époque où NF séduisait une clientèle jeune par des vols secs à prix imbattables était révolue, par la faute d’Internet. NF, certes, s’appuyait sur une base d’inconditionnels, mais était dans l’incapacité de renouveler sa clientèle. Les résultats des trois dernières années l’attestent. La philosophie de NF limitait de toute manière la marge de manœuvre des deux agences qui n’étaient actives que dans la distribution. Que la direction de Paris l’admette ou non ne changera rien: la production estampillée NF n’aurait jamais généré les volumes suffisant pour rentabiliser les deux points de vente qui auront bientôt fermé leurs portes. Contraints d’accorder la priorité absolue à leurs propres produits, ces deux agences étaient dans l’impossibilité d’équilibrer la balance en distribuant d’autres produits. La raison en est simple: à qualité égale, le client helvétique choisit aujourd’hui un équivalent suisse à bas prix. Et le pays n’en manque pas, qu’il s’agisse des marques bon marché des grands TOs ou des instruments de vente directe qui se multiplient depuis plusieurs mois.

L’intégration de NF dans TUI Suisse était donc inéluctable. Le départ de Gabrielle Lehmann et la fermeture en février dernier de l’agence de Lausanne ne laissaient aucune chance de survie aux deux points de vente de Suisse romande. Ce faisant, TUI Suisse a pris la seule décision stratégique possible: concentrer son réseau de vente en Suisse romande, éviter qu’une concurrence aussi relative que stupide n’envenime les rapports entre une agence TUI et sa voisine NF, et ne pas semer le trouble dans l’esprit du client, lequel ignore souvent que les deux marques appartiennent au même groupe.

De toute manière, les 15 points de vente TUI Agence de voyages suffisent désormais pour traiter le faible volume de NF, eux qui bénéficient de l’exclusivité en Suisse des marques TUI France et Nouvelles Frontières.

Ce problème réglé, TUI Suisse devrait se poser la question cardinale: ne doit-il pas jouer résolument la carte de la qualité et renoncer purement et simplement à commercialiser les produits NF au profit de la marque TUI France qui, elle, satisfait les exigences élevées de la clientèle suisse?