Genève Aéroport désigne son futur patron (Edition 2016-15)

Les records ne masquent pas la lourdeur du conseil

Une fois de plus, le bilan annuel de Genève Aéroport s’est traduit par deux records absolus: le nombre de passagers frise les 15,8 millions (plus 4,1%) et le chiffre d’affaires s’établit à près de CHF 424 millions (plus 4,9%) pour un bénéfice net de CHF 74,6 millions dont la moitié est reversée à l’Etat. Et, déjà, les chiffres du premier trimestre de cette année affichent une nouvelle croissance de trafic de plus de 7%. Si tout baigne sur le plan financier comme en termes de trafic, c’est aux compétences avérées des douze membres de la direction de l’aéroport et de leurs équipes respectives qu’on le doit. Sous l’ère Deillon qui aura duré une décennie, cette grande entreprise employant plus de 1000 collaborateurs aura connu une croissance continue que rien ne semble freiner. 

André Schneider qui succédera en automne à Robert Deillon reprendra donc un porte-avions parfaitement opérationnel et doté dans un proche avenir d’un nouveau terminal gros-porteur que toutes les airlines attendent. Mais, en termes de communication, la nomination du nouveau directeur a malheureusement été entachée d’un couac imputable à la lourdeur du conseil d’administration politisé à outrance et non à l’aéroport lui-même: classé «secret défense», le choix du nouveau boss a été éventé par l’un des administrateurs avant la ratification formelle par le Conseil d’Etat de la candidature d’André Schneider et repris immédiatement par nombre de médias. Une fuite déplorable qui justifie la remise en question rapide de la composition dudit conseil d’administration, peu au fait de l’industrie aérienne. Ce même conseil d’administration qui s’était refusé à tout commentaire pendant de longs mois alors que la succession à la tête de l’aéroport était devenue une affaire publique suite à diverses pistes explorées par les médias économiques, a maladroitement vendu la mèche. Un faux-pas inadmissible.

Genève Aéroport se trouve face à d’immenses défis qu’il conviendra de relever. Son management saura le faire, mais il ne faudrait pas qu’il soit perturbé dans sa démarche par un conseil d’administration d’un autre temps, composé de dix-sept membres, de deux vice-présidents et d’une présidente. Le statut d’établissement public autonome appartenant à l’Etat de Genève ne justifie absolument pas une telle lourdeur administrative où le politique prime sur l’esprit d’entreprise. 

Dominique Sudan