Glattbrugg menacé de phagocytose? (Edition 2014-02)

Walter Brüllhardt a quitté Hotelplan

Walter Brüllhardt n’a jamais laissé personne insensible. Son départ de chez Hotelplan non plus. Le bouillant Fribourgeois qui fit de la gestion du balnéaire sa marque de fabrique a longtemps été considéré comme l’un des meilleurs spécialistes en la matière, si ce n’est le meilleur. Entré chez Kuoni comme on entrait en religion, il régnait en maître sur cette vache à lait que constituait le balnéaire pour les grands TOs. En 2008, son fidèle compagnon de route, Thomas Stirnimann, était devenu CEO d’Hotelplan et l’appelait à Glattbrugg. Brüllhardt donnait alors le feu vert au plus spectaculaire transfert d’état-major qu’ait connu la branche suisse. 

Nullement réfractaire à l’avènement d’Internet, Brüllhardt ne voulait pourtant pas se tirer une balle dans le pied: Hotelplan avait déjà son OTA, Travel.ch, mais le plafond serait vite atteint dans la mesure où la Suisse ne bénéficie pas du même potentiel que l’Allemagne ou la Grande-Bretagne en matière de réservations Internet. Quant aux frais IT de maintenance et de développement, ils sont excessifs pour un marché comme la Suisse. Ouvrir la distribution est une chose, casser son métier de base en est une autre. Lorsqu’il contrôlait vraiment le balnéaire tout allait bien. Mais en novembre 2012, le département Dynamic Touroperating voyait le jour et intégrait la distribution online de Vacances Migros et d’Hotelplan. Brüllhardt conservait le Touroperating classique mais les deux départements avaient leur propre gestion des vols et leur propre pricing.

Qu’il y ait risque de phagocytose à l’interne n’est pas prouvé mais probable. L’expression chère à la direction d’Hotelplan (une cuisine, deux restaurants) est-elle valable face à la réalité? Le balnéaire sur Internet ne pèse qu’un très faible 15%, le Touroperating classique gérant le reste. Et le client perdu entre le classique et le dynamique proposés sous la marque Hotelplan n’ira-t-il pas voir ailleurs? Comme le battant Jo Siffert, Brüllhardt est un enfant de la Basse. Un «Bolze» entier, avec toutes les émotions que cela implique pour qui connaît Fribourg. C’est sans doute ce qui l’a convaincu de tirer sa révérence en douceur. Qu’adviendra-t-il de son poste et du reste de son équipe, soumis à la très forte pression des chiffres? Que fera-t-il lui-même? La suite au prochain épisode.

Dominique Sudan