La planification charter de Kuoni et M-Travel Switzerland (MTCH)
réalisée en automne dernier et annoncée en décembre ne manquait pas
dambition. Face à la situation conjoncturelle daujourdhui, aussi
bien Kuoni que MTCH ont été contraints de réagir rapidement. Gagner des
parts de marché en Suisse romande est une chose, faire face à
lattentisme de la clientèle en est une autre.
De toute manière, une surcapacité évidente menaçait les deux grands TOs
dès lannonce du programme charter estival. Le seul exemple de
Mykonos/Santorin suffit à le prouver: Kuoni et MTCH, certes,
proposaient deux nouvelles îles grecques jamais desservies en direct
depuis
Genève. Mais la capacité offerte par le vol triangulaire dHello (MTCH)
et les deux opérations séparées de Baboo (Kuoni) était totalement
démesurée. Même en période de vaches grasses, le marché romand naurait
pas été en mesure de rentabiliser de telles opérations.
Très tôt dans la saison, Kuoni et MTCH ont décidé de ne pas se voiler
la face: la mayonnaise na pas pris, il ne faut pas insister et
demeurer réaliste. Même des actions spéciales ne suffiraient pas à
rentabiliser des opérations aériennes onéreuses vers deux destinations
au faible potentiel en Suisse romande. Sur dautres axes, les deux
grands estiment en revanche que les affaires vont plutôt bien. Cest
sans doute vrai sur les autoroutes habituelles, ça lest sans doute
moins sur des destinations au niveau tarifaire élevé.
Là, on ne peut que constater les dégâts faits par la crise économique
actuelle: la Sardaigne peine, à limage de Mykonos et Santorin qui
constituent des cas à part dans la programmation balnéaire grecque. Et
pour cause: les trois destinations jouent dans un segment de prix
élevé, peut-être le plus élevé de toute la Méditerranée. On ne parle
plus de balnéaire pur, mais plutôt de séjours tendance et lifestyle.
Dès lors, il nest guère surprenant de constater que ces axes éprouvent
dimmenses difficultés à séduire la clientèle moyenne. Dailleurs, même
les agents de voyages qui sont au front ne soutiennent pas le lancement
de ces nouvelles destinations. Ce nest nullement par mauvaise volonté.
Cest uniquement parce quils noseraient proposer de tels arrangements
à une clientèle inquiète, déstabilisée et nullement rassurée face à
lavenir.
Un autre TO local est directement pénalisé par lattitude des grands
qui sont aussi co-affréteurs sur plusieurs destinations, principalement
la Sardaigne. VT Vacances, qui assume seul le risque charter lié aux
rotations Brussels Airlines, avait frappé à la porte de la compagnie
belge la fleur au fusil lorsquil sétait agi de négocier les capacités
aériennes estivales. Avec les groupes Kuoni et MTCH comme compagnons de
jeu, VT avait toutes les raisons dêtre optimiste, malgré la morosité
actuelle. Au final, le TO romand nest pas épargné et doit lui aussi
revoir sa copie, avec tous les risques que cela comporte.
Mais tout de même. Autant les deux grands TOs font aujourdhui preuve
de réalisme, autant ils avaient délibérément décidé de ne se faire
aucun cadeau en annonçant en décembre un programme charter aussi riche.
Là, ils nont pas vraiment de joker à faire valoir: même si la
planification avait été faite en août, la situation qui prévalait en
décembre déjà ne présageait rien de bon. Gouverner, cest pourtant
prévoir.