Il nétait pas question que la branche suisse des voyages donnât son
blanc-seing à Swiss et Lufthansa: la nouvelle structure de distribution
que Lufthansa impose purement et simplement à sa filiale Swiss devenue
une vulgaire exécutante est combattue avec la plus grande véhémence. Il
ny avait pas dautre issue.
Parties pour un «Blitzkrieg», Swiss et Lufthansa nont sans doute
jamais imaginé le scénario catastrophe daujourdhui: elles ont en face
delles lensemble des acteurs de la branche. Une menace grave puisque
les premières mesures concrètes prouvent que personne ne baissera les
bras.
Très courageusement, la Fédération a donné le la: elle renonce avec
effet immédiat au montant à cinq chiffres versé par Swiss et Lufthansa
dans le cadre de la prochaine campagne de publicité commune. Un signe
très fort adressé aux deux anciens «Leading Partners» de cette campagne
qui débute dans dix jours. Exit donc Swiss et Lufthansa à qui la guerre
totale est déclarée, avec tous les dommages collatéraux que cela
présuppose. Car les agences de voyages, quel que soit leur profil, ne
sarrêteront pas là. Le fameux «shifting» que Swiss dit ne pas craindre
est une arme redoutable qui, a Genève en tout cas, avait déjà été
utilisée il y a quelques années par un important groupement dagents de
voyages. Lufthansa sen souvient encore.
Aujourdhui, cest au tour dAmadeus et Galileo de prendre clairement
position face aux deux airlines refusant les alternatives proposées.
Les deux GDS, comme les agences de voyages, ont donc bel et bien été
mis devant le fait accompli par les compagnies aériennes qui ont mis le
feu aux poudres.
Malaise il y a donc. En campant sur leur position comme elles lont
fait récemment à Zurich et Francfort, les deux airlines prennent leurs
partenaires de très très haut. Cette attitude arrogante ne paiera pas,
ni à court terme et encore moins à moyen terme. Le couple
agence-airline est au bord de la rupture: le seul juge capable de
trancher sera le distributeur qui, aussi étrange que cela puisse
paraître, tient désormais le couteau par le manche. Si Swiss et
Lufthansa refusent le dialogue comme elles refusent de commenter les
séances stériles quelles ont eues avec la fameuse «Task Force», elles
seront condamnées par leurs propres partenaires. Des partenaires qui,
en Suisse, ne sont plus dupes: Swiss ne prend plus aucune décision
stratégique dimportance en termes de distribution. Francfort lui dicte
la marche à suivre. Le dialogue en devient donc impossible.