Haute valeur ajoutée et structure dédiée (Edition 2007-14)

Alain Bossu à propos d’Intervoyages à Villeneuve

Une agence de voyages doit-elle en arriver à fermer ses portes à la clientèle de passage pour s’occuper au mieux de ceux qui ont besoin de conseils beaucoup plus spécifiques parce que le voyage qui les intéresse est beaucoup plus complexe à préparer? Par ailleurs, une agence de voyages peut-elle vivre sans être achalandée en masse au quotidien?

Elisabeth Mô et Francis Scherly, d’Intervoyages à Villeneuve, viennent en tout cas de répondre oui à ces deux questions. Sans aucun état d’âme, et même avec le plaisir non dissimulé de ceux qui auraient gagné au loto pour se permettre ce que d’autres définiraient comme un luxe inouï voire une prétention suprême. En réfléchissant à l’évolution du marché, en analysant la spécificité de leurs produits, ils ont pensé que leur devoir et le respect de leur clientèle imposaient un tel changement. Certes, chacun aura bien compris qu’ils ne jetteront pas comme un malpropre le malheureux qui s’aventurerait dans leur agence sans rendez-vous préalable. «Mais, soutient Francis Scherly, l’avenir appartient aux conseillers en voyages capables de recevoir leurs clients avec enthousiasme, de les accueillir de manière personnalisée, confortable, basée sur une expérience de terrain, de les aiguiller dans les méandres de produits actuels sophistiqués en préparant avec eux des programmes à haute valeur ajoutée, comme un orfèvre qui taille un diamant.»

Diantre, serait-ce donc cela un conseiller en voyages? Depuis l’arrivée de la commission zéro et la mise en place de frais de dossier, le terme s’est développé (galvaudé?) dans une profession qui cherche à montrer que la qualité du travail mérite aussi un lifting au niveau de la définition de poste. Mais les responsables d’Intervoyages assurent qu’ils n’ont pas l’intention de dénigrer et que leur définition correspond à un choix personnel qui convient à leur ambition comme aux produits sur mesure qu’ils proposent à leur clientèle.

Ils ne sont pas les seuls à prendre des chemins de traverse qui n’ont rien de chemins de croix. A Nyon, par exemple, l’équipe de L’ère du Voyage estime n’avoir pas d’autre
solution puisque les rendez-vous avec chaque client peuvent durer une heure ou une heure et demie. Proposer, conseiller un voyage de haute valeur ajoutée suppose une longue préparation, un conseil de très haut niveau en même temps qu’une confiance impossible à gagner si l’on n’y ajoute pas ce petit plus qui s’apparente à un salon première classe.

Une agence traditionnelle doit-elle suivre cette voie très particulière? Non, mais ses responsables seraient bien inspirés, s’ils touchent ce type de clientèle, de prévoir un espace privilégié. Qui peut croire que Kuoni vend ses voyages World Class comme on ouvre les pages d’un circuit traditionnel?