Une agence de voyages doit-elle en arriver à fermer ses portes à la clientèle de passage pour soccuper au mieux de ceux qui ont besoin de conseils beaucoup plus spécifiques parce que le voyage qui les intéresse est beaucoup plus complexe à préparer? Par ailleurs, une agence de voyages peut-elle vivre sans être achalandée en masse au quotidien?
Elisabeth Mô et Francis Scherly, dIntervoyages à Villeneuve, viennent en tout cas de répondre oui à ces deux questions. Sans aucun état dâme, et même avec le plaisir non dissimulé de ceux qui auraient gagné au loto pour se permettre ce que dautres définiraient comme un luxe inouï voire une prétention suprême. En réfléchissant à lévolution du marché, en analysant la spécificité de leurs produits, ils ont pensé que leur devoir et le respect de leur clientèle imposaient un tel changement. Certes, chacun aura bien compris quils ne jetteront pas comme un malpropre le malheureux qui saventurerait dans leur agence sans rendez-vous préalable. «Mais, soutient Francis Scherly, lavenir appartient aux conseillers en voyages capables de recevoir leurs clients avec enthousiasme, de les accueillir de manière personnalisée, confortable, basée sur une expérience de terrain, de les aiguiller dans les méandres de produits actuels sophistiqués en préparant avec eux des programmes à haute valeur ajoutée, comme un orfèvre qui taille un diamant.»
Diantre, serait-ce donc cela un conseiller en voyages? Depuis larrivée de la commission zéro et la mise en place de frais de dossier, le terme sest développé (galvaudé?) dans une profession qui cherche à montrer que la qualité du travail mérite aussi un lifting au niveau de la définition de poste. Mais les responsables dIntervoyages assurent quils nont pas lintention de dénigrer et que leur définition correspond à un choix personnel qui convient à leur ambition comme aux produits sur mesure quils proposent à leur clientèle.
Ils ne sont pas les seuls à prendre des chemins de traverse qui nont rien de chemins de croix. A Nyon, par exemple, léquipe de Lère du Voyage estime navoir pas dautre
solution puisque les rendez-vous avec chaque client peuvent durer une heure ou une heure et demie. Proposer, conseiller un voyage de haute valeur ajoutée suppose une longue préparation, un conseil de très haut niveau en même temps quune confiance impossible à gagner si lon ny ajoute pas ce petit plus qui sapparente à un salon première classe.
Une agence traditionnelle doit-elle suivre cette voie très particulière? Non, mais ses responsables seraient bien inspirés, sils touchent ce type de clientèle, de prévoir un espace privilégié. Qui peut croire que Kuoni vend ses voyages World Class comme on ouvre les pages dun circuit traditionnel?