Hello dépose son bilan après huit ans (Edition 2012-43)

La fin du pur modèle charter sonne-t-elle?

Fondée en 2004 par un certain Moritz Suter, Hello est à l’agonie.
Le dépôt de bilan de dimanche dernier est un coup dur pour les TOs affréteurs informés extrêmement tardivement de la situation réelle de la compagnie bâloise. Pire, ce grounding illustre on ne peut mieux la problématique développée récemment aux TTW de Genève et de Zurich: les agences sont impuissantes face à la faillite d’une airline.

Au-delà des explications de la direction de la compagnie (kérosène, franc suisse, concurrence accrue, résiliation de contrat, insol-vabilité de partenaires français et, cerise sur le gâteau, falsification de chiffres par un ancien comptable), plusieurs questions restent ouvertes. Moritz Suter, par exemple, se mure dans son silence. Or, le capital-actions de cette Hello qui était pourtant bien née fondait. Il y a deux ans, Suter rachetait le groupe Basler Zeitung pour plusieurs dizaines de millions de francs mais insistait lourdement auprès de différents investisseurs pour injecter douze millions de francs dans Hello… Aujourd’hui, le tribunal compétent accorde à Hello un ajournement de faillite pour procéder à une éventuelle recapitalisation d’ici à la fin novembre. Cette fois-ci, il n’est pas du tout sûr que le fameux «Daig» réunissant la crème bâloise suive Moritz Suter.

L’aspect économico-politique est une chose, la réalité de la branche en est une autre. Depuis plusieurs années, le vent a tourné dans le segment charter. Il y eut tout d’abord l’indéniable effet Low Cost qui vit Easyjet développer un vaste réseau de destinations balnéaires entre la Méditerranée et la mer Rouge. La création par Air Berlin d’une importante base à Zurich n’a fait que précipiter le changement structurel: de plus en plus, le balnéaire allait devenir une affaire de compagnie Low Fares, avec vente de sièges seuls. Un changement qu’une Edelweiss Air avait parfaitement saisi, elle qui vise aujourd’hui à un équilibre parfait entre la part des TOs et celle des sièges seuls. Cette mutation, tout le monde l’a comprise, en premier lieu les grands TOs qui ont régulièrement réduit leurs contingents de sièges garantis. Tout le monde sauf Hello. Pourtant, cette dernière aurait dû comprendre le message lorsque son principal partenaire suisse, Hotelplan, lui signifia que les contingents 2013 seraient inférieurs à ceux de cette année. Le mal est fait. Et plutôt qu’un emplâtre sur une jambe de bois, Hello devrait jeter l’éponge. Car la confiance des TOs est sérieusement ébranlée et la planification future impossible.