Le hasard fait sans doute bien les choses, réunissant des hommes unis
par une même passion et leur mettant en évidence (un bien grand mot au
début de laventure!) la possibilité den
vivre autrement.
«Nous avons lancé Horizons Nouveaux sans la moindre idée de ce
quétaient les professions du tourisme, se souvient Nicolas Jaques,
alors instructeur de parapente. Avant, nous nous connaissions au niveau
de nos professions, mais rien nétait jamais allé plus loin.» Cest un
ami qui a permis de faire le lien ou, plutôt, le trait dunion. «Nous
avons été invités dans une soirée, avoue Paul Kennes, représentant en
matériel de montagne. Cest de là, grâce à cet ami qui a permis le
contact, que tout a vraiment commencé. Le soir même, nous avons imaginé
une agence de voyages. Mais nous ne connaissions rien. Certes, Nicolas
avait déjà servi de guide pour Artou, mais nous ignorions tout des
métiers du voyage. Notre seule expérience se limitait à la passion de
la bourlingue.»
Les deux hommes avaient cependant de la suite dans les idées, mais ils
savent bien que les débuts ne furent pas faciles. «En vérité, nous ne
connaissions personne dans ces métiers, poursuit Nicolas Jaques, nous
navions aucune idée de ce que pouvait être un tour-opérateur, comment
se montait un voyage, comment négocier des prix davion ou dhôtel. On
était vraiment bruts de décoffrage.»
Une personne, cependant, a ouvert les portes. Les deux hommes nont
jamais oublié. Ils sont allés le voir par hasard, sans trop savoir ce
quil en retournait, comment ils allaient être reçus. La chance a voulu
que cet homme soit fou de randonnée pédestre. «Nous allions au Bhoutan,
au Népal et au Ladakh, résume Paul Kennes. Pour sy rendre, la seule
possibilité était de prendre un vol Lufthansa. Nous avons rencontré
Rudolph Koch, alors directeur de la compagnie en Suisse romande. Il na
pas seulement écouté. Je crois que lidée la séduit. Tout de suite, il
nous a donné des billets AD75. On ne savait pas ce que cétait. Nous
sommes allés dans une vraie agence de voyages pour avoir lexplication.»
La passion du terrain et du voyage a fait le reste. La rencontre des
différentes populations aussi. Paul Kennes a habité trois ans à Bombay.
«Nous étions des voyageurs, lancent-ils en chur. Et cétait sans doute
à un moment de notre vie où lenvie de faire quelque chose simposait.
Pas grand-chose à la vérité, juste lenvie de deux treks par an.»
Est-il possible de se lancer encore ainsi aujourdhui. «Je suis
persuadé que cest possible, répond Nicolas Jaques. Cela demande un
travail de fou, mais surtout de parfaitement connaître sa ou ses
destinations.»
Alain Bossu