Il faut diviser pour regner (Edition 2008-10)

Cédric Diserens à propos DE la surtaxe gds et des brokers

La rencontre tant attendue a eu lieu à Francfort, mais aucune solution
n’est sortie des discussions qui, semble-t-il, ont été perçues de deux
manières: stériles pour les uns, constructives pour les autres. Cela
témoigne du plus grand problème qui secoue actuellement la branche des
voyages, devenue une véritable Tour de Babel: plus personne ne parle le
même langage.

Dès lors, il devient très difficile d’espérer pouvoir régler les
conflits. Chacun estime être de bonne foi, mais il faut au final
choisir un camp, comme dans toute guerre. D’un côté, les agences
considéreront se défendre et utiliseront tous les moyens disponibles.
De l’autre, ce sont les compagnies aériennes Swiss et Lufthansa qui
disent se défendre d’un système qui leur coûte un argent devenu
précieux en ces temps de hausse de l’or noir.

Dans la tourmente, les GDS restent passifs et, bien qu’ils affirment
être en discussion avec les compagnies aériennes, ne montrent aucun
signe afin de rassurer les agences. Pour Hans-Jörg Leuzinger, il
devient important que les GDS participent aux discussions. Jusqu’à
présent, ceux-ci donnent plus l’impression de jouer les autruches que
de vraiment s’impliquer dans cette problématique.

Enfin un quatrième acteur se retrouve pris quelque part entre le
marteau et l’enclume. Il s’agit des brokers. Tout comme les agences,
ils devront appliquer le nouveau modèle de distribution, et tout comme
les agences, ils devront reporter les frais supplémentaires sur leurs
clients: encore une fois les agences. Mais contrairement aux compagnies
aériennes concernées, les brokers savent que sans les agences, ils ne
peuvent pas exister. D’autre part, ils savent également que, de par
leur nature, il leur est impossible de boycotter une compagnie aérienne.

Bien sûr, en ces temps d’animosité, il serait plus que facile de mettre
la faute sur les compagnies aériennes. Néanmoins, il faut reconnaître
que si l’on se penche sur le discours des parties concernées, certains
disent tout, d’autres se font plus discrets, et d’autres encore ne
disent rien. Comment dès lors croire à un véritable dialogue si
personne ne s’entend ni se comprend?

Mais ce silence qui pourrait apparaître comme une forme de sagesse –
Rudolf Schumacher l’expliquant par une volonté de parler «non pas au
travers des médias, mais plutôt autour de la table des négociations» –
finit par ressembler à une tentative de diviser pour mieux régner.

D’ailleurs, l’un des points que les agences reprochent aux compagnies
aériennes est justement celui de vouloir créer des inégalités entre les
différents canaux. Certains préféreraient une hausse globale des
tarifs, mais qui serait la même pour tous.