«Il faut être né Low Cost. On ne le devient pas» (Edition 2014-29)

Easyjet a franchi un cap historique en Suisse et dépassé la barre des 10 millions de passagers sur un an.

Thomas Haagensen, comment expliquez-vous cette évolution après 15 ans de présence en Suisse?

C’est la première fois que nous franchissons en une année le seuil des 10 millions de passagers en Suisse. Il faut y voir le résultat de 15 ans d’efforts et le succès d’un modèle commercial qui a permis de ga-gner la confiance des clients. Avec 64 destinations desservies par treize avions basés à Genève, 50 au départ de Bâle (neuf avions) et deux à Zurich, notre stratégie de réseau qui concerne des aéroports centraux s’avère la bonne. A Genève comme à Bâle, notre approche a eu un écho très positif car ces deux aéroports ne sont pas des hubs de compagnies aériennes régulières; avant, les passagers étaient très souvent contraints de transiter quelque part pour se rendre sur l’un des destinations que nous desservons. L’efficacité, les coûts réduits, les prix bas et la stratégie point-to-point expliquent sont à l’origine de notre succès.

Easyjet a aussi contraint les compa-gnies régulières à revoir leur business plan. A terme, ces compagnies n’encourent-elles pas un risque en matière de rentabilité?

Cette évolution est positive pour le client. La densification de notre réseau a aussi stimulé et accru la concurrence. On a parfois tendance à oublier qu’il en coûtait plus cher de se rendre à Barcelone ou Nice qu’à New York!

Les compagnies régulières en ont pris acte et constatent que l’évolution est irréversible. Mais pour l’instant, nous n’avons pas vu de formule convaincante de leur part. Dans l’absolu, il faut être né Low Cost. On ne le devient pas.

Easyjet s’est aussi intéressée entre-temps au Business Travel. Aviez-vous atteint un plafond dans le segment Leisure?

Non, car 80% de nos passagers reste formé d’une clientèle de loisirs, avec une croissance continue. Nous avons d’ailleurs un gros potentiel de développement dans ce secteur. La desserte de grands aéroports, le réseau et les fréquences ont fait que, sans démarchage initial de notre part, la clientèle d’affaires est venue à nous de façon très pragmatique. Pour ces clients qui génèrent environ 20% du volume, nous avons en-suite développé des produits et des outils répondant à leurs besoins spécifiques, tout en préservant la simplicité de notre modèle commercial. 

Easyjet n’a-t-elle pas aussi poussé les TOs et les charters à revoir leur copie?

Il est toujours difficile de trouver la cause de certaines mutations. Mais le développement de notre réseau, notamment sur des destinations vacances, a aussi permis aux consommateurs de construire eux-mêmes leurs voyages avec l’appui d’Internet. Ces sont des trends qui se sont développés et continueront de le faire. Reste que gérer une flotte d’avions ne constitue pas le cœur de métier des TOs.

Avec le recul, que pensez-vous du modèle tarifaire de Swiss à Genève?

Là aussi, il n’est guère aisé de commenter la stratégie de la concurrence. Pour Easy-jet, cela ne change absolument rien: nous sommes fidèles à Genève et notre modèle commercial colle au marché.

La règle est simple: nous avons des actionnaires et, à la fin de l’année, nous devons être rentables sur le point-to-point. Mais si une compagnie veut devenir Low Fares, elle doit aussi avoir une structure Low Cost derrière.

Quelles cibles pour les six nouvelles destinations annoncées récemment?

L’expansion de notre réseau fait partie de la stratégie de base. Reykjavik, par exemple, bénéficie déjà de huit routes qui nous donnent entière satisfaction; la plupart concernent le Royaume-Uni mais l’expérience réalisée à Bâle démontre que l’attrait est grandissant pour l’Islande. A Hambourg, nous avons ouvert une base en mars; le développement économique et touristique de cette ville est incroyable, et sa croissance est significative dans de multiples domaines (les croisières, par exem-ple).

DS