Initiatives louables pour quel résultat? (Edition 2011-21)

Dominique Sudan à propos des pays arabes

Plus personne dans la branche ne se voile la face: en termes de demande et de réservations effectives, l’ensemble du monde arabe, du Maroc au Proche-Orient, est secoué par un véritable tsunami. En fait, seuls les pays du Golfe de même que la mer Rouge réussissent actuellement à tirer leur épingle du jeu.

En Suisse romande où des destinations comme la Tunisie ont longtemps représenté des axes majeurs du volume balnéaire estival, le malaise est profond. Au lendemain des troubles du début d’année, nombreuses ont été les mesures prises pour relancer rapidement la machine touristique sur l’ensemble des destinations arabes où les événements tunisiens avaient fait tache d’huile: voyages de presse ou d’études pour professionnels mis sur pied par l’ONTT, découverte de la Tunisie nouvelle lancée en Suisse romande par Air Marin et, ensuite, Univair, vaste offensive d’Hotelplan Suisse se traduisant, au début avril, par la diffusion de quatre brochures sous autant de marques, opération conjointe organisée par six TOs romands en faveur de l’Egypte et de la Jordanie, affichage massif dans les terminaux de Genève Aéroport, publicité institutionnelle destinée au grand public, etc. Mais comme l’indiquent tous les TOs interrogés, la mayonnaise ne prend pas, même avec un niveau tarifaire plus bas que jamais.

Crise libyenne et attentat à Marrakech ont entre-temps constitué deux facteurs exogènes qui ont brutalement freiné la reprise qui s’amorçait, en tout cas pour ce qui concerne la Tunisie qui vient de faire sa révolution. Hotelplan Suisse, qui reste le seul grand TO à avoir investi massivement ce printemps, confirme que l’on voyait le bout du tunnel mais que ces deux événements extérieurs se sont presque traduits par un retour à la case départ. Ce qui n’empêche pas Hotelplan de remettre aujourd’hui l’ouvrage sur le métier.

Outre l’aspect politico-social à régler rapidement à l’interne, la Tunisie touristique doit désormais innover en termes de commercialisation et se mettre à un vrai marketing sur les principaux marchés émetteurs. C’est à ce prix qu’elle limitera les dégâts et sauvera une petite partie de l’exercice en cours, en misant sur l’importante période que sont les vacances scolaires d’automne.

L’image du pays, de toute manière, demeure bonne dans l’inconscient collectif suisse. Au même titre que l’Egypte a su communiquer la grande stabilité des stations balnéaires de la mer Rouge, totalement épargnée pendant les troubles, la Tunisie doit miser sur ses propres valeurs, rompre avec les approches antérieures, innover pour séduire et gagner le pari de la relance.

Même si les résultats sur cinq mois sont mauvais voire inquiétants, la branche a prouvé à de multiples reprises qu’elle a une capacité de résistance largement supérieure à d’autres secteurs économiques, quels que soient les coups du sort auxquels elle est confrontée. Les vrais spécialistes le savent: ce n’est multipliant les opérations séduction qu’ils gagneront leur pari. Et construire cette année une base solide, c’est bâtir pour 2012 et les années suivantes, afin de retrouver le plus rapidement possible les volumes habituels.