Plus personne dans la branche ne se voile la face: en termes de demande et de réservations effectives, lensemble du monde arabe, du Maroc au Proche-Orient, est secoué par un véritable tsunami. En fait, seuls les pays du Golfe de même que la mer Rouge réussissent actuellement à tirer leur épingle du jeu.
En Suisse romande où des destinations comme la Tunisie ont longtemps représenté des axes majeurs du volume balnéaire estival, le malaise est profond. Au lendemain des troubles du début dannée, nombreuses ont été les mesures prises pour relancer rapidement la machine touristique sur lensemble des destinations arabes où les événements tunisiens avaient fait tache dhuile: voyages de presse ou détudes pour professionnels mis sur pied par lONTT, découverte de la Tunisie nouvelle lancée en Suisse romande par Air Marin et, ensuite, Univair, vaste offensive dHotelplan Suisse se traduisant, au début avril, par la diffusion de quatre brochures sous autant de marques, opération conjointe organisée par six TOs romands en faveur de lEgypte et de la Jordanie, affichage massif dans les terminaux de Genève Aéroport, publicité institutionnelle destinée au grand public, etc. Mais comme lindiquent tous les TOs interrogés, la mayonnaise ne prend pas, même avec un niveau tarifaire plus bas que jamais.
Crise libyenne et attentat à Marrakech ont entre-temps constitué deux facteurs exogènes qui ont brutalement freiné la reprise qui samorçait, en tout cas pour ce qui concerne la Tunisie qui vient de faire sa révolution. Hotelplan Suisse, qui reste le seul grand TO à avoir investi massivement ce printemps, confirme que lon voyait le bout du tunnel mais que ces deux événements extérieurs se sont presque traduits par un retour à la case départ. Ce qui nempêche pas Hotelplan de remettre aujourdhui louvrage sur le métier.
Outre laspect politico-social à régler rapidement à linterne, la Tunisie touristique doit désormais innover en termes de commercialisation et se mettre à un vrai marketing sur les principaux marchés émetteurs. Cest à ce prix quelle limitera les dégâts et sauvera une petite partie de lexercice en cours, en misant sur limportante période que sont les vacances scolaires dautomne.
Limage du pays, de toute manière, demeure bonne dans linconscient collectif suisse. Au même titre que lEgypte a su communiquer la grande stabilité des stations balnéaires de la mer Rouge, totalement épargnée pendant les troubles, la Tunisie doit miser sur ses propres valeurs, rompre avec les approches antérieures, innover pour séduire et gagner le pari de la relance.
Même si les résultats sur cinq mois sont mauvais voire inquiétants, la branche a prouvé à de multiples reprises quelle a une capacité de résistance largement supérieure à dautres secteurs économiques, quels que soient les coups du sort auxquels elle est confrontée. Les vrais spécialistes le savent: ce nest multipliant les opérations séduction quils gagneront leur pari. Et construire cette année une base solide, cest bâtir pour 2012 et les années suivantes, afin de retrouver le plus rapidement possible les volumes habituels.