La machine est en marche et rien ne saura larrêter désormais: les
agences de voyages, Fédération en tête, entendent utiliser tous les
moyens pour combattre la nouvelle structure tarifaire imposée au marché
par la société mère Lufthansa et sa filiale Swiss. La hache de guerre
est vraiment déterrée et la «Task Force» mise en place récemment ne
lâchera pas son os: la Fédération réitère sa recommandation de ne pas
signer le nouveau contrat portant sur les Preferred Fares de Swiss;
elle entreprendra des recherches pour déterminer si des démarches
juridiques sont possibles à lencontre des deux compagnies.
Un front jusquici uni où lon va même jusquà envisager plusieurs
mesures contraignantes le shifting est larme de dernier recours au
cas où Swiss ne céderait pas. Cest lorsquil conviendra de mettre de
telles menaces à exécution que lon pourra évaluer la dureté des propos
daujourdhui. Arrivée en bout de contrat avec les GDS, Swiss a
machiavéliquement joué le coup en refusant le contrat triennal que lui
soumettait Amadeus. Contrairement à Air France-KLM lié pour trois au
GDS, Swiss nest donc plus contrainte de fournir tout son contenu sans
surcharge aux agences utilisatrices. Swiss va plus loin et prétend ne
pas craindre larme du shifting que daucuns disent vouloir brandir.
Mais Swiss ne cache pas quelle demeure ouverte au dialogue.
Malheureusement pour les compagnies aériennes, le dialogue nest pas
triangulaire puisque deux contrats bilatéraux lient les agences aux GDS
et ces derniers aux airlines. On nest pas sorti de lauberge. Etre
ouvert au dialogue ne signifie pas non plus avoir les pleins pouvoirs.
Jusquoù Swiss est-elle libre de ses mouvements depuis quelle doit
rendre des comptes à sa tutrice doutre-Rhin? Sagit-il dune pure
manuvre dilatoire ou Swiss a-t-elle vraiment la volonté dentrer en
matière? Pourquoi entamer un dialogue à Zurich et maintenir le fait
accompli une semaine plus tard à Francfort? Swiss peut-elle vraiment se
mettre à dos sa maison mère et entrer en matière avec ses partenaires
helvétiques?
Car il est désormais acquis que Lufthansa tire toutes les ficelles dans
cette affaire. Certes, la compagnie allemande invite les trois pays
(Suisse, Allemagne, Autriche) qui font bloc à un tour de table à
Francfort: serait-ce dans lunique but de confirmer que la décision est
irrévocable et dexpliquer la mise en uvre technique de la nouvelle
structure tarifaire? Si tel devait être le cas, les associations
dagences nauront plus à menacer. Elles devront agir et croiser le fer
avec les deux compagnies.
Cest là que lon verra si des intérêts croisés ne les empêchent pas
daller jusquau bout et les réduisent au rôle peu enviable de mater
dolorosa.