La restructuration du groupe Kuoni est en cours. Annoncée à la fin juin, elle arrivera à son terme dici le mois de juillet 2008. Cest long une année. Au plan opérationnel, le cahier des charges de Roberto Luna naurait pas changé. Du moins pas dans limmédiat. Mais structurellement parlant, Kuoni Suisse a réduit sa voilure: la nouvelle Business Unit Switzerland née sur les cendres de lancienne Unité opérationnelle Suisse est directement subordonnée à la division stratégique «Smart» englobant Helvetic Tours, Reisen Netto et Apollo, ainsi que les compagnies aériennes Edelweiss Air et Novair. Et dici juillet prochain, toute la Business Unit Switzerland sera intégrée aux divisions «Smart» et «Style».
Après deux ans et demi qui nont guère été faciles, on sentait Roberto Luna fatigué. Son départ nest guère surprenant. Communiqué dans le même document que les (mauvais) résultats de Kuoni Suisse, le retrait de Luna a immédiatement été mis en relation avec lesdits résultats. Erreur stratégique de la part du groupe puisque Luna lui-même explique que ce choix est dicté par la volonté de faire le point après vingt ans de fidélité à Kuoni. En communiquant de cette façon-là, Kuoni na fait que déstabiliser une très grande partie de son personnel suisse qui doute déjà.
Roberto Luna a peut-être surestimé limpact de la restructuration en cours. Naimant pas naviguer à vue, il sest sans doute dit que le moment était idéal pour tourner la page. Mais sil avait insisté à lépoque, il aurait eu sa place à la direction générale du groupe, la même quoccupait son prédécesseur Thomas Stirnimann – Luna aurait alors mieux perçu la fameuse restructuration de Kuoni. Le fait de ne pas y être a peut-être créé un certain complexe dinfériorité.
En très peu de temps, Kuoni vit un véritable exode: la bande de jeunes formée par Hans Lerch a quitté le navire; dabord Stirnimann, ensuite Brüllhardt, enfin Luna. Autant dire trois piliers que lon jugeait inébranlables. Pour Luna, la situation est peu différente: lhomme jouit dun immense capital sympathie auprès de ses troupes et sera difficilement «remplaçable». Dailleurs ce nest pas le but de Kuoni Suisse: cette unité doit au contraire profiter de loccasion pour se ressaisir rapidement, notamment dans le segment de masse où des marques comme Helvetic Tours inquiètent, au même titre quune Edelweiss obligée de trouver des alternatives en hiver pour ne pas être clouée au sol. Or, dans ce segment qui concerne en premier lieu le balnéaire, seul lesprit déquipe permet de trouver rapidement les solutions idoines. Est-il encore là?
Stefan Leser est condamné à réussir. Il pourra bénéficier de lappui de Luna jusquà la fin décembre mais sera ensuite seul. Là, il nest pas sûr que la restructuration en cours laide pour mettre le marché suisses sur les bons rails.