La hache de guerre (Edition 2007-22)

Dominique Sudan à propos de l’AIG

Le Tribunal administratif fédéral vient de juger irrecevable le recours d’Air France, qui s’opposait au projet de transformation de l’ancienne aérogare de Genève. Ce fameux Terminal T2 dédié à l’aviation simplifiée n’est de toute façon plus une priorité, ni pour l’AIG ni pour EasyJet. En été 2005, Air France, Lufthansa et KLM avaient pourtant tiré à boulets rouges sur ce T2 exigé par EasyJet. La compagnie orange menaçait même de réduire la voilure à Genève, le pire des scénarii parlant de la fermeture pure et simple de la base genevoise. En deux ans, beaucoup d’eau a coulé sous le pont du Mont-Blanc.

Air France et KLM ont fusionné. Lufthansa ne s’est plus du tout manifestée tandis que British Airways est restée muette comme une carpe dès le déclenchement des hostilités entre Air France et l’AIG. Partout en Europe, les grandes compagnies ont intégré le phénomène Low Cost et l’ont même copié en multipliant les actions tarifaires sur le segment point à point pour concurrencer directement EasyJet désormais présente sur tous les grands axes. Même le groupe Air France-KLM s’y est mis en activant une compagnie Low Fare – ne jouons pas sur les mots – baptisée Transavia.com.

Aujourd’hui, il est peu probable qu’Air France utilise son droit de recours et en appelle au Tribunal fédéral. Les temps ont changé, le T2 est reporté aux calendes grecques et l’AIG n’a introduit aucun traitement différencié des passagers entre les Low Cost et les compagnies régulières. Il aurait tort de le faire dans la mesure où le réseau d’EasyJet est désormais si dense qu’il ne s’adresse plus à une clientèle nouvelle mais attire des pax «normaux», des PME, des voyageurs d’affaires et des touristes. Cette clientèle n’a plus de profil particulier: sur Nice, Barcelone, Paris, Londres ou Amsterdam, EasyJet draine aussi des pax qui ont un compte Miles & More ou Flying Blue. Ces gens n’accepteraient pas d’être parqués dans l’aérogare chère à Tintin ne leur offrant aucune commodité.

L’AIG a donc parfaitement raison d’améliorer le Terminal principal et de développer ensuite l’Aile Est à l’image de ce qu’il a réalisé à l’Ouest et dans les salles d’embarquement frontales. Le Low Cost fait partie du paysage et même les grandes compagnies l’ont parfaitement compris. Et le plus important reste aussi que le torchon ne brûle plus entre Air France et l’AIG.