La hache de guerre (Edition 2008-04)

Dominique Sudan à propos des taxes GDS de Swiss

Depuis belle lurette, les compagnies aériennes se plaignent des coûts
de distribution élevés générés par les GDS qu’elles avaient elles-mêmes
créés. L’annonce d’il y a une semaine ne surprend donc pas vraiment:
les compagnies reprochent aux GDS un manque de transparence réel en
matière d’incentives réservés à certaines agences de voyages et
constatent qu’elles n’ont jamais réalisé d’économies d’échelle malgré
un volume de trafic en hausse constante. Sur le fond, ça pourrait
passer. Mais sur la forme…

A juste titre, les agences de voyages crient au scandale et s’estiment
lésées. Elles se disent l’otage des relations difficiles
qu’entretiennent les compagnies aériennes et l’enfant chéri qu’étaient
jadis les GDS. La réaction avait été identique lorsque les commissions
avaient été abandonnées. Aujourd’hui, les agences vont plus loin: ni la
FSAV, ni l’AVP n’accepteront d’être roulées dans la farine. Elles
n’accepteront pas non plus d’être ce fameux bras de levier censé faire
plier les GDS en matière de coûts.

Si Swiss et Lufthansa avaient annoncé la couleur en augmentant
également leurs tarifs de vingt-cinq et cinquante francs sur leurs
sites Internet, personne n’auraient bronché. Ce n’est pas le cas. Une
fois de plus, les agences devront annoncer la couleur à leur client:
honoraires, frais de dossier, énième surcharge carburant et maintenant taxe pour GDS.

Localement, la fameuse taxe GDS de huit francs est encore plus
pénalisante: les quelque 700000 passagers genevois en transit à Zurich
seront frappés d’une double taxe puisque le segment Genève–Zurich sera
aussi pris en compte.

Swiss, certes, proposera une alternative en été sous la forme d’un
portail Internet réservé exclusivement aux agences de voyages qui
auront au préalable signé le contrat proposé. Là, d’aucuns doutent
aussi des réelles intentions de Swiss. Ce portail, dont on craint qu’il
ne soit de toute façon pas opérationnel en si peu de temps, n’a-t-il
été annoncé que pour éviter une embrouille juridique née d’une attitude
discriminatoire?

Swiss, qui sait pourtant qu’elle serait incapable de traiter les
réservations via Internet si leur volume augmentait du jour au
lendemain, a pris tout le monde de vitesse dans cette histoire. Ses
principaux partenaires en font les frais alors qu’ils ne sont pas
directement visés. Car la cible reste bel et bien les quatre GDS avec
qui il faudra bien s’entendre. Des négociations qui auraient pu être
plus simples si Swiss n’avait pas eu l’excellente idée de se mettre à
dos toute la branche. Mais le moment choisi doit aussi rassurer les
agences de voyages: en choisissant la mi-janvier, Swiss se donne près
de dix mois pour convaincre les principaux systèmes. Ça donne de la
marge et peut donner raison à ceux qui doutent de l’introduction de la
fameuse taxe GDS.