Depuis belle lurette, les compagnies aériennes se plaignent des coûts
de distribution élevés générés par les GDS quelles avaient elles-mêmes
créés. Lannonce dil y a une semaine ne surprend donc pas vraiment:
les compagnies reprochent aux GDS un manque de transparence réel en
matière dincentives réservés à certaines agences de voyages et
constatent quelles nont jamais réalisé déconomies déchelle malgré
un volume de trafic en hausse constante. Sur le fond, ça pourrait
passer. Mais sur la forme
A juste titre, les agences de voyages crient au scandale et sestiment
lésées. Elles se disent lotage des relations difficiles
quentretiennent les compagnies aériennes et lenfant chéri quétaient
jadis les GDS. La réaction avait été identique lorsque les commissions
avaient été abandonnées. Aujourdhui, les agences vont plus loin: ni la
FSAV, ni lAVP naccepteront dêtre roulées dans la farine. Elles
naccepteront pas non plus dêtre ce fameux bras de levier censé faire
plier les GDS en matière de coûts.
Si Swiss et Lufthansa avaient annoncé la couleur en augmentant
également leurs tarifs de vingt-cinq et cinquante francs sur leurs
sites Internet, personne nauraient bronché. Ce nest pas le cas. Une
fois de plus, les agences devront annoncer la couleur à leur client:
honoraires, frais de dossier, énième surcharge carburant et maintenant taxe pour GDS.
Localement, la fameuse taxe GDS de huit francs est encore plus
pénalisante: les quelque 700000 passagers genevois en transit à Zurich
seront frappés dune double taxe puisque le segment GenèveZurich sera
aussi pris en compte.
Swiss, certes, proposera une alternative en été sous la forme dun
portail Internet réservé exclusivement aux agences de voyages qui
auront au préalable signé le contrat proposé. Là, daucuns doutent
aussi des réelles intentions de Swiss. Ce portail, dont on craint quil
ne soit de toute façon pas opérationnel en si peu de temps, na-t-il
été annoncé que pour éviter une embrouille juridique née dune attitude
discriminatoire?
Swiss, qui sait pourtant quelle serait incapable de traiter les
réservations via Internet si leur volume augmentait du jour au
lendemain, a pris tout le monde de vitesse dans cette histoire. Ses
principaux partenaires en font les frais alors quils ne sont pas
directement visés. Car la cible reste bel et bien les quatre GDS avec
qui il faudra bien sentendre. Des négociations qui auraient pu être
plus simples si Swiss navait pas eu lexcellente idée de se mettre à
dos toute la branche. Mais le moment choisi doit aussi rassurer les
agences de voyages: en choisissant la mi-janvier, Swiss se donne près
de dix mois pour convaincre les principaux systèmes. Ça donne de la
marge et peut donner raison à ceux qui doutent de lintroduction de la
fameuse taxe GDS.