La parfaite langue de bois (Edition 2008-43)

Dominique Sudan à propos des agences CFF

Depuis que Kuoni a retiré ses billes, les agences de voyages CFF,
globalement, connaissent un problème de rentabilité. Mais attention: il
ne s’agit nullement de remettre ici en question les compétences et la
motivation du personnel des agences; leurs qualités sont reconnues et
indiscutables.

C’est plutôt la politique d’assortiment des CFF qu’il convient de
montrer du doigt et les fameux contrats globaux qui handicapent chaque
agence. Dans le choix des produits, les CFF se dispersent. Or, la
pression sur les marges les touche de la même manière qu’elle pénalise
les agences de voyages indépendantes contraintes de procéder à des
choix. Ce n’est pas le cas aux CFF, en tout cas dans les agences A
vendant de tout. Ces points de vente ne cumulent pas les chiffres des
différentes marques et naviguent de ce fait dans des taux de
commissionnement bas. De plus, leurs effectifs se réduisent en
permanence et certains problèmes IT freinent la bonne marche des
affaires.

En lisant entre les lignes les réponses fournies par la direction
générale des CFF, on peut aisément anticiper les adaptations dont il
sera question au-delà de 2009 – car concrètement, le ton utilisé est de
la parfaite langue de bois. A terme, la vente d’arrangements
ferroviaires devrait devenir la priorité absolue des CFF. Ce qui
conduira à des choix puisque les deux TOs qui sont ici concernés sont
tous deux membres du groupe Kuoni… Mais pour être réellement
compétitives, les agences de voyages CFF se doivent d’avoir la palette
d’offres la plus complète qui soit. Cruel dilemme: conclure un accord
exclusif avec un Kuoni très restrictif dans l’octroi des codes
d’agences et se mettre à dos M-Travel Switzerland dont on connaît la
nouvelle force de frappe avec les marques de Travelhouse?

Puisque les CFF ne prévoient aucune fermeture d’agence, c’est qu’ils
souhaitent demeurer un partenaire de distribution intéressant pour
certains TOs choisis et d’autres prestataires de la branche. Or, un
partenaire de premier plan doit aussi obtenir des conditions
attrayantes de la part de ses fournisseurs. Visiblement, ce n’est pas
(encore) le cas. Dès lors, rien n’interdit de croire que les
adaptations dont parlent les CFF n’auront rien de cosmétique. D’autant
que, d’une façon globale, la direction générale en place n’affectionne
pas vraiment la diversification.