Un proverbe chinois assure que si le buf est lent, la terre est patiente. Cest sans doute pourquoi, naturellement et petit à petit, loiseau fait son nid. Certes, il arrive parfois, modernité et stratégie obligent, quil soit même préparé tout spécialement pour laccueillir, pour quil sy sente plutôt bien. Mais quand loiseau senvole pour ne pas revenir, que faire du nid, surtout sil a la taille dun aéroport?
Point nest besoin de remonter trop loin dans le passé pour se souvenir des craintes pour lAéroport International de Genève (AIG), craintes nourries de rires sous la cape Swissair et de larmes de crocodile pour pleurer sur un aéroport à piste unique, un canton, une ville qui allaient perdre de leur superbe, à commencer par ces armoiries présentant, entre autres, un aigle du Saint-Empire romain germanique dont la tête couronnée donnait déjà limpression ah les mauvaises langues davoir du mal à
décoller.
Bref, ils étaient nombreux à volontiers avoir envie de renvoyer Genève à sa véritable superficie voire à ses anciennes couleurs en gris et noir en balayant dun revers de la main sa devise «Post Tenebras Lux» au lieu de se méfier du second effet qui se coule pas.
Cest peut-être grâce à tout cela que, petit à petit, lAIG a refait son nid, en remettant sur le métier louvrage. Les compagnies Low Cost sont arrivées et ont amené du volume (beaucoup de volume) comme de la respiration. Mais les équipes nont jamais baissé les bras. Autour de leur nouveau commandant de bord Robert Deillon Mister Robert comme on dit désormais en chinois , Pierre Germain et Yves-Daniel Viredaz (les hommes du marketing) ont compris que le buf était lent et quil fallait donc apprendre la patience et la persévérance, vertus cardinales sil en est.
Les résultats sont repartis à la hausse, et pas seulement avec des lignes européennes et New York. La preuve par Qatar Airways et Hainan Airlines qui vont poser leurs appareils à Genève respectivement en juin et juillet. En attendant bien dautres pistes actuellement suivies avec autant de sérieux que de sérénité. Cest le résultat dun vrai travail en profondeur.
LAIG a su apprivoiser des éléments parfois contraires, non pas comme un dompteur de fauves, mais tout simplement parce que les professionnels de lAéroport International de Genève savent parfaitement que le marché romand na strictement rien à voir avec la taille quon voudrait lui attribuer en additionnant seulement le nombre de ses habitants.