La patte de l’AIG (Edition 2007-09)

Alain Bossu à propos de Hainan Airlines à Genève

Un proverbe chinois assure que si le bœuf est lent, la terre est patiente. C’est sans doute pourquoi, naturellement et petit à petit, l’oiseau fait son nid. Certes, il arrive parfois, modernité et stratégie obligent, qu’il soit même préparé tout spécialement pour l’accueillir, pour qu’il s’y sente plutôt bien. Mais quand l’oiseau s’envole pour ne pas revenir, que faire du nid, surtout s’il a la taille d’un aéroport?

Point n’est besoin de remonter trop loin dans le passé pour se souvenir des craintes pour l’Aéroport International de Genève (AIG), craintes nourries de rires sous la cape Swissair et de larmes de crocodile pour pleurer sur un aéroport à piste unique, un canton, une ville qui allaient perdre de leur superbe, à commencer par ces armoiries présentant, entre autres, un aigle du Saint-Empire romain germanique dont la tête couronnée donnait déjà l’impression – ah les mauvaises langues – d’avoir du mal à… décoller.
Bref, ils étaient nombreux à volontiers avoir envie de renvoyer Genève à sa véritable superficie voire à ses anciennes couleurs en gris et noir en balayant d’un revers de la main sa devise «Post Tenebras Lux» au lieu de se méfier du second effet qui se coule pas.

C’est peut-être grâce à tout cela que, petit à petit, l’AIG a refait son nid, en remettant sur le métier l’ouvrage. Les compagnies Low Cost sont arrivées et ont amené du volume (beaucoup de volume) comme de la respiration. Mais les équipes n’ont jamais baissé les bras. Autour de leur nouveau commandant de bord Robert Deillon – Mister Robert comme on dit désormais en chinois –, Pierre Germain et Yves-Daniel Viredaz (les hommes du marketing) ont compris que le bœuf était lent et qu’il fallait donc apprendre la patience et la persévérance, vertus cardinales s’il en est.

Les résultats sont repartis à la hausse, et pas seulement avec des lignes européennes et New York. La preuve par Qatar Airways et Hainan Airlines qui vont poser leurs appareils à Genève respectivement en juin et juillet. En attendant bien d’autres pistes actuellement suivies avec autant de sérieux que de sérénité. C’est le résultat d’un vrai travail en profondeur.

L’AIG a su apprivoiser des éléments parfois contraires, non pas comme un dompteur de fauves, mais tout simplement parce que les professionnels de l’Aéroport International de Genève savent parfaitement que le marché romand n’a strictement rien à voir avec la taille qu’on voudrait lui attribuer en additionnant seulement le nombre de ses habitants.