La qualité n’a pas de sexe (Edition 2010-48)

Cédric Diserens à propos de l’égalité des salaires

La lutte féministe ne date plus d’hier. Depuis plusieurs décennies, la femme tente de se faire sa place dans le monde moderne et de briser ainsi des siècles de tradition et de codes. Ceci ne se fait pas sans difficultés et l’étude conjointe FIT/ASMT le montre bien, même sans un caractère représentatif ou exhaustif. Car en dehors des considérations de précision purement scientifiques, tout le monde sait que l’aperçu donné est correct.

Le paradoxe de la branche des voyages a donc la vie dure. Dans une profession principalement (mais pas uniquement) féminine, la femme est la plus mal chaussée. Pourtant, les choses tendent à évoluer. Ainsi, le bas de l’échelle indique une réduction, bien que très légère, de la différence des salaires. La mentalité de la branche aurait-elle donc mis le cap sur une vision nouvelle? Cela n’est peut-être que l’effet d’une tentative ’endiguement de la fuite du personnel vers d’autres secteurs du commerce, mieux rémunérés. 

Le haut de l’échelle n’est pas mieux loti puisque c’est là que se situe la plus grande différence salariale. Le salaire d’une femme avec un poste à responsabilités est inférieur d’un bon 24% à celui d’un homme. L’homme est-il à ce point incapable de gérer qu’il mérite une récompense lorsqu’il arrive à le faire? Ou bien est-ce la femme qui, en raison de sa faiblesse, doit accepter d’avoir un salaire inférieur en compensation? Ce type d’écart ne peut être justifié dans une branche de service comme celle du tourisme.

En effet, en ce qui concerne la tâche de travail, il n’y a pas de différence. Les femmes du tourisme n’ont pas moins de travail que leurs collègues masculins. De même, elles n’ont pas moins de responsabilités, que ce soit vis-à-vis du client ou de l’employeur. Alors pourquoi le tourisme peine-t-il tant à se mettre en accord avec son temps? Cela paraît d’autant plus difficile à comprendre que l’univers du service est pourtant bien moins machiste que d’autres professions d’aujourd’hui.

Quoiqu’il en soit, il est aujourd’hui temps d’entrer dans le vingt-et-unième siècle et de véritablement aller de l’avant. D’une part, la société doit absolument s’ouvrir à une transparence des salaires. D’autre part, et ce sujet a été mentionné lors du TO Congress au TTW de Montreux, la performance doit être rétribuée. La qualité du conseil est un élément capital qui devrait être pris en compte. Il faut cependant faire attention avec le terme de performance qui peut être mal interprété. L’important n’est plus uniquement le montant des ventes. Pour reprendre une formule populaire, il faut privilégier la qualité à la quantité. Et bien qu’au féminin, la qualité n’a pas de sexe.