La stratégie American Airlines écrite sur son terminal JFK (Edition 2007-49)

La plus grande compagnie aérienne américaine mise sa stratégie de développement sur son nouveau terminal de New York JFK. Un bijou à deux milliards de dollars.

Pour Gianni Tronza, Regional Director d’American Airlines (AA) pour la
Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne et le Portugal,
l’année 2007 a été positive dans notre pays «avec une augmentation des
recettes et des parts de marché de deux points par rapport à 2006».
La partie francophone représente 10% des ventes du total helvétique.
«Difficile d’accroître ce chiffre en étant off-line à Genève, estime
notre interlocuteur. Cela dit, nous intensifierons notre présence en
Suisse romande en 2008 grâce à l’arrivée de deux nouveaux employés: un
Leisure Key Account Manager, ainsi qu’un Corporate Key Account Manager.
Certes, ils ne seront pas directement affectés à ce marché, mais le
fait que nous soyons désormais sept dans l’équipe Sales & Marketing
nous permettra de rendre des visites plus régulières aux agences de
voyages romandes.»

Gianni Tronza se déclare par ailleurs très satisfait du contact avec la
branche des voyages. «AA étant la seule compagnie aérienne américaine
présente ici depuis 21 ans consécutivement, cela crée forcément des
liens. D’autant que nous n’avons jamais laissé tomber la Suisse: un
mois après le 11 septembre, soit en octobre 2001, alors que nos
concurrents abandonnaient ce pays, AA lançait son vol sur JFK.»

Pourtant, en ce moment, la branche ne bénit pas le transporteur, la
faute aux double bookings qu’il annule désormais automatiquement sans
en avertir les agences au préalable, provoquant un tollé parmi
celles-ci. «Il ne s’agit pourtant pas d’une nouveauté. Nous avons
simplement envoyé un rappel à nos partenaires. Si nous procédons ainsi,
c’est évidemment pour nous éviter des coûts inutiles, plaide Gianni
Tronza. Notre souci constant à ce niveau nous a permis d’être la seule
compagnie aérienne américaine à éviter le chapitre 11…» Dans la même
logique, American Airlines a abandonné sa desserte Zurich– Dallas fin
octobre pour mieux se concentrer sur son vol quotidien à destination de
JFK. «Nous ne pouvons plus nous permettre de proposer deux liaisons au
départ d’un petit marché comme la Suisse et préférons affecter
l’appareil disponible à un plus grand pays.»

A partir d’avril-mai 2008, le transporteur accentuera donc ses
dessertes au départ de l’Italie et de l’Espagne – vols quotidiens
Milan–JFK et Barcelone–JFK –, ainsi qu’en Russie avec une liaison
journalière Moscou–Chicago en B-777 (juin), qui passera à six vols
hebdomadaires en hiver. «Notre stratégie consiste à être présent dans
les pays appelés à jouer un rôle toujours plus important à l’avenir. Et
la Russie en fait partie. Comme l’Inde et la Chine où nous volons déjà.
A propos de l’Empire du Milieu, nous desservirons Pékin dès mars 2009»,
souligne le futur responsable du marché russe – courant 2008 –  en
plus de ceux déjà sous sa houlette.

Toute la stratégie d’expansion d’AA tourne autour de son nouveau
terminal new-yorkais de JFK – qui lui est entièrement dédié –,
principale porte d’entrée aux Etats-Unis et inauguré en août dernier.
Les travaux ont duré 4 ans et son coût se monte à deux milliards de
dollars. De ses 38 gates, les passagers prennent quotidiennement 250
vols offrant 90000 sièges hebdomadaires. Le trafic vers la Floride, Las
Vegas, San Francisco, Los Angeles et l’Amérique latine devrait
connaître un boom. Et ce n’est qu’un début. Quinze millions de clients,
qui bénéficient notamment de guichets d’enregistrement et de contrôle
d’immigration séparés, y transiteront par an.

Autre atout dans la stratégie d’expansion d’American Airlines: sa
nouvelle Business Class et son flat bed. Tous les Boeing B-767-300,
dont ceux de l’axe Zurich– JFK–Zurich, en sont désormais équipés. Et, à
partir de mai 2008, ce sera au tour de tous les Triple Seven de la
proposer.

Didier Walzer

Consolidation annoncée avec l’ouverture du ciel européen

L’ouverture du ciel européen au printemps 2008 n’inquiète pas
outre mesure le directeur régional d’American Airlines pour la Suisse,
l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne,
le Portugal et bientôt la Russie. «Contrairement à certaines idées
reçues, explique Gianni Tronza, nous n’avons jamais joui d’une
situation de monopole avec British Airways à Londres Heathrow. Bien
qu’étant tous deux membres fondateurs de l’alliance Oneworld, nos
horaires et nos tarifs ont toujours été différents pour les Etats-Unis.
Nous savons donc ce que concurrence signifie.

Toutefois, il est vrai qu’elle va encore s’accentuer avec l’arrivée
annoncée de Delta, Continental, Northwest et US Airways dès avril 2008
à Heathrow. Mais avec nos nouveautés et nos liquidités, nous sommes
armés pour faire face à ces adversaires – y compris européens – qui
voudront desservir les Etats-Unis.»

Selon Tronza, les compagnies qui garderont leurs coûts sous contrôle et
trouveront l’équilibre entre les exigences du marché et l’adaptation de
leurs capacités à la demande seront celles qui «survivront» au-dessus
de l’Atlantique.

En termes de clientèle d’affaires, son fonds de commerce, AA a déjà une
longueur d’avance grâce à ses excellentes connexions à Londres, New
York et Zurich, soit trois des principaux pôles financiers
internationaux. 

«Il faudra cependant s’attendre à une consolidation continue dans le ciel européen», conclut Gianni Tronza. 

DW