Pendant plusieurs années, Swiss a opté pour un développement qualitatif et durable de son réseau à Genève. Ce nest plus le cas depuis septembre 2013 où Genève a fait office de cobaye avec lintroduction de la nouvelle structure tarifaire oneway. Désormais, la quantité prime sur la qualité, tout simplement pour réagir dabord aux 64 destinations dEasyjet, ensuite à Etihad Regional accusé dêtre le bras armé dAbu Dhabi. Car si tel nétait pas le cas, Swiss ne courrait pas le risque de proposer une telle capacité quotidienne sur Lugano, avec quatre vols par jour.
La question fondamentale reste de savoir pour qui lon vole au départ de Genève. Or Swiss nen fait plus sa priorité en optant pour un nouveau positionnement clairement orienté Leisure, avec les destinations nordiques en hiver et le bassin méditerranéen en été. Cette approche est aussi ethnique, avec bientôt quatre destinations dans les Balkans où, comme par hasard, on retrouve aussi la concurrence directe dune Air Serbia, partenaire dEtihad. Et lannonce au début octobre de 22 nouvelles destinations point à point à Zurich va dans le même sens. Certes, la nouvelle structure tarifaire a permis à Swiss daugmenter de janvier à octobre de 10,9% le nom-bre de passagers au départ de Genève. Mais cette augmentation réjouissante compense-t-elle les frais générés par la nouvelle base genevoise? Assure-t-elle la rentabilité des différentes lignes, élément primordial pour le maintien dune offre aérienne aussi riche dans le point à point en Europe? Et en termes de produit, Swiss est-elle encore suisse avec les Dash de Tyrolean Airways? Sagit-il dune fuite en avant? Lavenir le dira.
Mais Swiss rate aussi une occasion dattaquer les airlines du Golfe sur leur propre terrain, le long-courrier. Sans citer de destination, la presse romande parlait il y a quelques jours dun potentiel vers lExtrême-Orient avec seulement trois ou quatre vols par semaine davantage de fréquences nécessiteraient de toute façon un avion et demi basé à Genève. Si Bangkok génère le plus grand nombre de pax à Genève, son yield bas est inintéressant. En revanche, Singapour convien-drait, avec la qualité du hub et la puissance du partenaire local. Mais là encore, on rompt avec le business plan basé sur du «daily». Dans tous les cas, la stratégie dhier nest plus celle daujourdhui.
Dominique Sudan

