La stratégie d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui (Edition 2014-47)

Nouvel essor de Swiss à Genève

Pendant plusieurs années, Swiss a opté pour un développement qualitatif et durable de son réseau à Genève. Ce n’est plus le cas depuis septembre 2013 où Genève a fait office de cobaye avec l’introduction de la nouvelle structure tarifaire oneway. Désormais, la quantité prime sur la qualité, tout simplement pour réagir d’abord aux 64 destinations d’Easyjet, ensuite à Etihad Regional accusé d’être le bras armé d’Abu Dhabi. Car si tel n’était pas le cas, Swiss ne courrait pas le risque de proposer une telle capacité quotidienne sur Lugano, avec quatre vols par jour. 

La question fondamentale reste de savoir pour qui l’on vole au départ de Genève. Or Swiss n’en fait plus sa priorité en optant pour un nouveau positionnement clairement orienté Leisure, avec les destinations nordiques en hiver et le bassin méditerranéen en été. Cette approche est aussi ethnique, avec bientôt quatre destinations dans les Balkans où, comme par hasard, on retrouve aussi la concurrence directe d’une Air Serbia, partenaire d’Etihad. Et l’annonce au début octobre de 22 nouvelles destinations point à point à Zurich va dans le même sens. Certes, la nouvelle structure tarifaire a permis à Swiss d’augmenter de janvier à octobre de 10,9% le nom-bre de passagers au départ de Genève. Mais cette augmentation réjouissante compense-t-elle les frais générés par la nouvelle base genevoise? Assure-t-elle la rentabilité des différentes lignes, élément primordial pour le maintien d’une offre aérienne aussi riche dans le point à point en Europe? Et en termes de produit, Swiss est-elle encore suisse avec les Dash de Tyrolean Airways? S’agit-il d’une fuite en avant? L’avenir le dira.

Mais Swiss rate aussi une occasion d’attaquer les airlines du Golfe sur leur propre terrain, le long-courrier. Sans citer de destination, la presse romande parlait il y a quelques jours d’un potentiel vers l’Extrême-Orient avec seulement trois ou quatre vols par semaine – davantage de fréquences nécessiteraient de toute façon un avion et demi basé à Genève. Si Bangkok génère le plus grand nombre de pax à Genève, son yield bas est inintéressant. En revanche, Singapour convien-drait, avec la qualité du hub et la puissance du partenaire local. Mais là encore, on rompt avec le business plan basé sur du «daily». Dans tous les cas, la stratégie d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui. 

Dominique Sudan