En France où le régime mensuel prévaut également, le raccourcissement envisagé des délais de paiement a déjà donné lieu à une levée de boucliers. Dans lHexagone, le BSP gère annuellement un volume proche de 7,5 milliards deuros et la billetterie représenterait plus de 70% de lactivité des agences de voyages. Le puissant SNAV, par la voix de son groupe de travail Aérien, na pas manqué de critiquer vertement la politique quenvisage IATA: un BSP tous les quinze jours tombe au plus mauvais moment, les agences de voyages étant déjà touchées par la suppression des commissions décidée par les compagnies aériennes.
Le phénomène nest pas propre à la France. En Suisse, la décision de IATA qui risque de nêtre quune étape avant limposition dun paiement hebdomadaire, touchera directement les agences de voyages ne sappuyant pas sur un confortable coussin de liquidités. Ces agences sont légion. Et même si la Suisse avec un BSP annuel de quelque 4,2 milliards de francs figure parmi les meilleurs élèves dEurope en matière de yield, de nombreux distributeurs souffriront si IATA opte en juin pour le paiement bimensuel avant dimposer plus tard le versement hebdomadaire, en vertu de la fameuse tactique du salami chère à lindustrie des voyages. Lair de ne pas y toucher, cest ce but que vise IATA puisquelle offre une réduction de la garantie bancaire aux 20% des 690 agences qui participent au BSP et sacquittent de leur dû chaque semaine.
IATA Suisse, qui met en avant la qualité de son marché en termes de revenu, ne saurait ignorer que le segment Corporate est pour beaucoup dans le maintien dun yield élevé. Or, les agences indépendantes actives dans ce secteur on ne parle pas ici des grands qui néprouveront aucune difficulté à sadapter lorsquil faudra sy résoudre traitent dimportants volumes qui ne sont pas tous réglés par carte de crédit. Là, les PME concernées devront avoir les reins solides lorsquil sagira de passer à la caisse chaque semaine.
Le versement bimensuel ou hebdomadaire rassure les compagnies aériennes qui se disent «sécurisées» par ce système de paiement, mais il pourrait aussi animer les agences suisses et européennes dun esprit de rébellion. De nombreuses agences suisses ont rendu en deux ans leur tablier IATA et le BSP compte 10% de participants en moins. Le monopole IATA est un modèle passé. Les agences pourraient se mobiliser pour créer ensemble avec les airlines un nouvel organisme adapté à lépoque actuelle et centralisant tous les paiements.