Dans lensemble de ses campagnes promotionnelles, lîle Maurice se positionne comme une destination haut de gamme. Son transporteur aérien apporte encore sa pierre à lédifice en assurant les vols non-stop quexigent les clients haute contribution. Ce ne sera plus le cas en Suisse dès le mois de novembre: les consultants américains de Seabury APG, avec la énédiction dAir France, ont réussi à imposer leur logique de hub alors que ni le produit, ni le marché ne vont dans ce sens.
QuAir Mauritius (MK) soit fortement pénalisée par lenvolée des cours du pétrole est une réalité. Toutes les compagnies aériennes sont touchées, toutes lancent ou lanceront des programmes de réduction et de contrôle des coûts. Mais en se retirant définitivement de lAllemagne et de Genève, MK scie la branche sur laquelle elle est assise. En 1998 déjà, Air France avait tenté sans succès dimposer à sa «partenaire» de joint-venture la fermeture des escales européennes et la concentration des opérations sur Paris. Là, MK navait pas cédé, en dépit du fait quelle reste liée à Air France par cet accord de joint-venture qui sera caduc lan prochain. Aujourdhui, elle annonce la fermeture de Genève, yield le plus élevé de son réseau, et laisse la porte grande ouverte à Emirates.
Comme elle lavait fait lorsque MK ferma Zurich, la clientèle à lorigine de ce yield ne suivra pas: elle nacceptera nullement la rupture dans les standards de qualité offerts depuis Paris, où Air France ne propose que quatorze sièges en Business Class. Tout bonnement impensable. Et si, aujourdhui, MK traite déjà 30% de son volume suisse via Paris, cest uniquement dû au fait que les passagers y bénéficient dans les deux sens de vols de nuit. Quant au vol Edelweiss de Zurich lancé précisément en raison des taux de progression sur Maurice, il est rempli à plus de cinquante pour cent par les vols européens de Swiss et noffre pas de marge de manuvre suffisante aux TOs. Et lorsque le marché stagnera, Edelweiss se retirera.
Le fait que ni Mauritius Tourism ni les hôteliers locaux ne sélèvent contre la fermeture de toutes les lignes européennes à lexception de Paris et Londres ne manque pas détonner. En acceptant la politique du fait accompli, ils jouent sur du court terme et privilégient le volume au détriment de la qualité à laquelle ils aspirent pourtant. Or, ils ont tous deux besoin dun transporteur national fort qui a été des années la carte de visite de lîle Maurice. En contrôlant rigoureusement ses coûts, MK fait juste. En accordant une confiance aveugle aux coûteux cabinets de consulting, elle fait faux. A moyen et long terme, sa survie passera par un partenaire stratégique solide qui comprendra la spécificité de son trafic purement Leisure. Car jamais le code MK apposé via deux hubs ne remplacera les vols non-stop.