Le David suisse s’attaque au Goliath allemand (Edition 2008-15)

Dominique Sudan à propos des mesures de la FSAV

Le ton monte. Six mois avant l’introduction annoncée du nouveau modèle
de distribution, la Fédération, qui renonce sciemment à utiliser le
terme «shifting», recommande à ses membres de vendre Swiss et Lufthansa
de manière passive tout en expliquant au client la raison
de ce qui s’apparente déjà à un boycott. Car c’est bien le client qui
veut choisir le vol le plus confortable correspondant à ses besoins
comme l’explique le patron de Kuoni.

Les autres recommandations du catalogue de mesures annoncé aujourd’hui
ne changeront pas la face du monde: libre à l’agent de participer à un
tournoi de football ou de tenter de gagner un prix dans un programme
incentive. Et limiter les contacts avec les représentants de Swiss et
Lufthansa ne fera pas avancer le dossier: il conviendrait au contraire
de répéter aux Key Account
Managers des deux compagnies que le front est uni. Afin que le message remonte.

La première recommandation, en revanche, est intéressante. En termes de
parts de marché, le duo Swiss/Lufthansa n’est pas incontournable mais
demeure un partenaire de poids. Difficile parfois de «shifter» – il
convient maintenant d’appeler un chat – sur d’autres «majors»
s’appuyant sur un réseau mondial et une alliance globale. Sauf
peut-être à Genève.

Cela n’empêche pas la Fédération et d’autres groupements de durcir le
ton: le David suisse a décidé d’attaquer le Goliath allemand, attitude
courageuse qui n’avait jamais existé à ce jour. Mais Swiss et Lufthansa
n’ont pas encore fermé la porte. Il est possible qu’elles proposent
tout de même l’une ou l’autre alternative au modèle prévu d’être activé
en octobre. Et en six mois, tout peut arriver: si les grands ne suivent
pas les recommandations de la FSAV, l’affaire est perdue; si les GDS ne
deviennent pas plus transparents, le ton montera encore d’un cran dans
la double relation agents/GDS et airlines/GDS. Mais la sagesse pourrait
aussi l’emporter. Partant du principe que Francfort dicte la marche à
suivre et ne reviendra pas en arrière, la seule issue sera
l’intégration des frais des systèmes de distribution dans le prix des
billets. Un jeu d’enfant au niveau technique.