Lorsquon lui demande comment il perçoit la fermeture de la ligne
aérienne entre Zurich et Casablanca, Ali Chaoui nest pas surpris.
«Cela fait déjà longtemps que lon avait des signes indiquant que le
marché alémanique nétait pas vraiment intéressé.»
En tant quancien de Royal Air Maroc il a occupé le poste de
directeur pour la Suisse de 1983 à 1988 Ali Chaoui possède une vision
très complète du Maroc sur le marché helvétique. «Il est important de
réaliser que le Maroc nest pas une destination «naturelle» pour les
clients alémaniques. Tout dabord, nous ne parlons pas la même langue
et ensuite, il ne sagit pas dun pays balnéaire.»
En Suisse, le Maroc traverse actuellement une période de régression.
«Cela est dû à divers facteurs, dont la desserte aérienne. Cependant,
larrivée du nouveau directeur de Royal Air Maroc, Farid Mabtoul, a
redonné un souffle despoir aux professionnels de la branche.» Un des
éléments essentiels nécessaire à la création de produits viables sur le
marché suisse est de ne pas vouloir adapter la production française.
«Les Suisses méconnaissent le Maroc. Ils ont besoin de produits sûrs,
fiables et crédibles. Il leur faut des tour-opérateurs reconnus.»
Le Maroc correspond naturellement aux attentes de la clientèle romande.
«Plusieurs affinités en font un produit idéal: la langue parlée est le
français, le sens de lhospitalité est apprécié et louverture des
Marocains vers létranger permet de découvrir le pays, pour ainsi dire
de lintérieur. Seul bémol à lheure actuelle, loffre hôtelière. Il
faut reconnaître que les Suisses ont un seuil de satisfaction plus
élevé que les Français, ceci notamment en raison de la tradition
hôtelière helvétique.»
Pour Ali Chaoui, les avantages du pays sont multiples: «Cest un pays
très proche. Afin de se donner une idée à quel point, pensez que depuis
la douane de Bardonnex (GE) jusquà Marrakech, il ne faut compter que
24 heures de voiture et uniquement via des autoroutes!» Mais outre le
critère de la distance, cest celui de la multiplicité qui séduit les
touristes. «Les Suisses aiment le désert, les excursions en 4×4, la
découverte et surtout, le combiné circuit/balnéaire.»
Il ne reste donc quà informer le public, et renforcer les
connaissances des agents de voyages. «Outre les agents qui ont de la
famille au Maroc, je trouve que beaucoup de la jeune génération ne
connaissent que très peu ou très mal le pays. Il faudrait remettre sur
pied des voyages détudes dignes de ce nom. Encore une fois, il sagit
dun travail de fond qui est nécessaire.»
De son côté, Le Voyagiste permet de découvrir tous les produits du
Maroc en liberté, tout en proposant des prix défiant toute concurrence.
«Nous avons lavantage de disposer de notre propre réceptif et de notre
propres autocars. Nous avons même à présent notre propre hôtel avec
lEden Andalou (www.edenandalou.com) à Marrakech, un cinq étoiles doté
de 253 suites pour les familles. Chaque suite permet daccueillir deux
adultes et trois enfants, sans lit supplémentaire.» Lhôtel a ouvert
ses portes le 12 juillet dernier.
Cédric Diserens
La réalité du segment MICE
Pour sa part, Ali Chaoui croit au potentiel du Maroc en tant que
destination MICE. «Encore une fois, cest un secteur qui nécessite un
travail de fond car loffre se veut très timide. Les installations ne
manquent pas. Il y a simplement une confiance à redonner au marché. Les
avantages de la destination ne manquent pas: exotisme, originalité,
luxe et multiples activités annexes.»
A cela, on peut ajouter un réseau routier qui permet de se déplacer
aisément dun point à lautre du pays. «Le Maroc a la chance
extraordinaire dêtre un pays vivant dans
lequel les touristes viennent. Lorsquils visitent une ville, celle-ci
a dabord été conçue pour les Marocains. Dès lors, on peut parler de
produit authentique.»
CD