Le mécontement est perceptible (Edition 2012-21)

Air Mauritius avance son retrait

Après une année 2011 record en termes d’arrivées suisses, l’attrait de l’ile Maurice n’a nullement faibli au cours des quatre premiers mois de l’année: petite par la taille mais fidèle à la destination phare de l’océan Indien, la Suisse a enregistré sur quatre mois une nouvelle augmentation de 7,4%, et même atteint un plus 35% sur le seul mois d’avril! Il n’est nullement certain que de tels taux puissent être maintenus à moyen terme. 

En sa qualité de pionnier sur la destination et de partenaire historique d’Air Mauritius, Stohler Tours y voyait déjà un gros danger à long terme, lorsqu’Air Mauritius annonçait en février son retrait du marché suisse pour la fin octobre: aucune destination passant au statut off-line n’a réussi à se développer; pire, elle régresse, avec le dangereux effet domino que cela entraîne en termes de promotion et de marketing, surtout pour une destination haut de gamme. 

Ce qui inquiète le plus les spécialistes, de même que de grands groupes hôteliers mauriciens, c’est la rupture inévitable dans les standards de qualité entre un vol non-stop et un transit via un hub. La décision d’avancer le retrait du marché suisse complique aussi singulièrement la tâche des TOs dans la gestion des dossiers: d’une part, ils doivent proposer une alternative à leur clientèle et, d’autre part, ils sont contraints de procéder à un nouveau calcul des arrangements forfaitaires, le transit via Paris étant ici fortement pénalisant en raison des taxes élevées qui s’ajoutent au prix initial. Quant aux disponibilités proposées durant la haute saison dans les classes les plus hautes, elles ne sont pas non plus garanties. Or, Genève génère, faut-il le rappeler, le yield le plus élevé d’Air Mauritius en Europe.

Aujourd’hui, il ne faut pas se voiler la face: le mécontentement est perceptible, comme il l’avait été lorsqu’Air Mauritius avait fermé l’escale de Zurich. Là, clients et TOs s’étaient immédiatement tournés vers la seule alternative valable à Zurich, Emirates. Un scénario identique ou presque se dessinerait à Genève: depuis l’annonce du retrait, initialement prévu pour la fin octobre, les spécialistes ont déjà observé un premier basculement de la clientèle sur la compagnie de Dubaï. Avec actuellement onze vols sur l’île Maurice et bientôt quatorze par semaine lorsque la demande déposée aura été officiellement acceptée, Emirates devrait récupérer une bonne partie du trafic en raison de son produit et de la situation géographique «logique» de son hub.