Le soleil se lève toujours à l’Est (Edition 2011-51)

Cédric Diserens à propos d’Etihad et Air Berlin

Etihad Airways augmente sa participation dans le capital d’Air Berlin. La nouvelle en soit n’a rien d’anormal. Pourtant, il se pourrait bien que l’on soit arrivé à un tournant de l’ascension que connaissent les compagnies aériennes du Golfe. Si rien n’est encore concrètement annoncé ou confirmé – tout au plus évoque-t-on les habituelles synergies –, il est tout à fait possible de se prendre au jeu des hypothèses et d’imaginer de quoi demain sera fait.

Premier élément: l’alliance. La position des trois grands du Golfe (Emirates Airline, Etihad Airways et Qatar Airways) est claire depuis longtemps. L’entrée dans une alliance n’est pas à l’ordre du jour. Certains allaient même jusqu’à dire que tôt ou tard, ce seraient les alliances qui auraient besoin de leur aide. Mais Air Berlin est au seuil de Oneworld et son entrée est même annoncée pour le 10 février 2012. Etihad Airways aurait-elle un intérêt à y mettre une aile? Pas certain!

Second élément: la concurrence à domicile. Etihad Airways et Emirates Airline sont concurrentes. Et derrière les compagnies aériennes se profile l’adversité entre les deux plates-formes aéroportuaires d’Abu Dhabi et de Dubaï. Sur ce point, les effets sont déjà annoncés. Air Berlin déplace ses vols sur Abu Dhabi et abandonne Dubaï. Quatre vols relieront Berlin au hub d’Etihad. Ce qui permettra à cette dernière d’ouvrir une nouvelle ligne tout en conservant des appareils pour d’autres liaisons.

Troisième élément: la concurrence en Allemagne. L’arrivée d’Etihad au sein de la deuxième compagnie allemande est une forme de pied-de-nez à Lufthansa. Non seulement Air Berlin bénéficie ainsi d’un apport financier qui va lui redonner un peu d’air, mais en plus, elle dispose, tout comme Etihad, d’une structure encore petite, donc avec une grande réactivité. Ce qui aujourd’hui fait précisément défaut à Lufthansa qui semble fortement enlisée dans le géant de Star Alliance.

Du point de vue de notre petit marché qu’est la Suisse, certains effets pourraient également être observés. Emirates règne sur Zurich et Genève avec une desserte quotidienne. Mais Etihad pourrait certainement bénéficier de son nouveau partenaire pour entrer à Zurich, plate-forme où Air Berlin est déjà bien présente. De même, Air Berlin pourrait au travers de cet accord s’offrir une position intéressante à Genève.

Même si l’on se dit que rien n’est encore défini et que tout, ou presque, reste à faire, les options qui s’offrent à ces deux partenaires ont de quoi donner le tournis. La force des deux compagnies est un réseau qui peut véritablement se révéler complémentaire. De plus, Etihad pourrait faire ici la démonstration de l’avantage d’un hub comme celui d’Abu Dhabi, bien loin d’être aussi encombré que ceux d’Europe.