«Le TAH doit être renégocié» (Edition 2011-29)

Claude Luterbacher, patron de TransContinental et membre du comité de la FSAV, estime le coup jouable si toutes les agences s’y mettent.

Dans sa deuxième enquête portant sur l’élaboration d’une Charte de bonne collaboration entre agences de voyages et compagnies aériennes, l’AVP est d’avis que les deux partenaires commerciaux doivent revoir ensemble les modalités de leur collaboration.

«L’AVP tient à préciser que le but de cette action n’est nullement agressive. Elle  cherche à améliorer les standards de qualité dans les relations triangulaires  airlines/agences/clients qui sont, pour l’instant, largement définies par les compagnies aériennes elles-mêmes», précise Claude Luterbacher, par ailleurs membre de l’AVP. 

La démarche est d’établir dans une bonne transparence de bons indicateurs sur des sujets d’intérêt commun, intéressant aussi le consommateur final. «Cette charte est produite cette année avec le soutien de la Fédération suisse des agences de voyages, l’AVP espérant vivement qu’elle sera reconduite, étoffée, enrichie et améliorée dans les années futures. Outre notre propre Fédération, d’autres organes faîtiers européens ont d’ailleurs déjà manifesté leur intérêt pour cette initiative», poursuit Claude Luterbacher. 

Mais il reste un autre cheval de bataille: la renégociation souhaitée du Travel Agent’s Handbook (TAH) de l’IATA, évoquée au printemps déjà par le patron de TransContinental et reprise ces dernières semaines dans le contexte de la deuxième enquête menée par l’AVP auprès des compagnies aériennes. Cette idée n’est pas nouvelle et Claude Luterbacher en assume pleinement la paternité.

«Les agences ont ouvert un grand nombre de débats, mais les airlines savent parfaitement que l’on ne règle pas localement des problèmes globaux. J’estime qu’il convient de réclamer la renégociation bilatérale de tout le contenu du Travel Agent’s Handbook de l’IATA, qui régit les relations agences/airlines. Ce document est totalement obsolète depuis des lustres.» Claude Luterbacher ajoute par ailleurs que «le rôle de l’IATA se limite principalement à assurer le clearing financier des transactions aériennes (BSP)  et à imposer aux agences les règles uni-latéralement décidées par les compagnies qui  usent et abusent des résolutions IATA. L’IATA n’est plus à ce niveau le trait d’union entre fournisseurs et distributeurs.»

Une opinion que partagent Jacques Lathion, président de l’APR, et Michel Ayer, son homologue de TPA. Le premier nommé estime en effet, que le Travel Agent’s Handbook reste un élément clé de la position des agences de voyages sur le marché et que l’IATA devrait accomplir un effort pour remettre ce document à jour.

«L’idée consiste ainsi à lancer une pétition auprès des agences de voyages européennes. Cette pétition, qui pourrait prendre une forme électronique (Internet, Facebook, etc.), serait adressée à toutes les agences IATA via leurs fédérations respectives. Ainsi, chaque agence pourrait signifier clairement sa volonté de renégocier le Travel Agent’s Handbook. Je reste convaincu qu’un très grand nombre d‘agences apporteront leur signature à un tel document. Forte du soutien du plus grand nombre, une requête pourrait ainsi être déposée officiellement auprès de l’IATA, idéalement par le biais de l’ECTAA (The European Travel Agent’s and Touroperator’s Associations). La pression serait alors grande! Comment l’IATA pourrait-elle botter en touche et faire fi d’une pétition portant plusieurs milliers de signatures d’agences agréées et concernées?

On reproche souvent aux associations de manquer de pro-activité.  Cette initiative me paraît facile à mettre en place. Restera bien entendu à voir qui voudra bien la soutenir. Nous aurons ainsi la possibilité d’établir, in fine, si le soutien des agences à un tel projet est réel ou illusoire», conclut Claude Luterbacher.

Dominique Sudan