Le tonneau des danaïdes (Edition 2009-09)

Cédric Diserens à propos du bilan de CWT Suisse

Qu’on le veuille ou non, la crise est bel et bien là depuis quelques
temps déjà. Bien entendu, il ne s’agit pas forcément de celle dont on
parle dans les journaux ou à la télévision, mais plutôt de ses effets
collatéraux. En effet, les entreprises ont réagi et ont finalement
décidé de se serrer la ceinture, abandonnant le costume de la cigale
pour reprendre celui de la fourmi.

Le bilan de Carlson Wagonlit Travel (CWT) Suisse n’est peut-être que le
reflet d’une entreprise, mais il parle pour une réalité qui est celle
des voyages d’affaires. Pendant de nombreuses années, ce secteur est
passé par différents états: euphorie, prudence extrême suite aux divers
problèmes géopolitiques, puis nouvelle euphorie, avant d’entrer à
présent dans une logique de prudence économique.

La Travel Policy édictée par les différentes entreprises n’est plus une
simple formule de politesse. Elle devient une règle qui, ainsi que
l’indique l’étude menée par CWT en octobre 2008, sera dorénavant
appliquée avec plus de rigueur. Aujourd’hui, les économies réalisées
par voyages prennent tout leur sens, ne serait-ce que pour l’image.

Car l’image elle a aussi changé. Si par le passé certains accordaient
une grande importance à faire voyager leurs employés en classe
affaires, voire en première classe, afin de montrer une solidité
financière, aujourd’hui la discrétion et l’économie sont devenus les
maîtres mots. Et il y a fort à parier que pour certains, à l’instar de
ce qui a été avec la vague des certifications environnementales, il
s’agira davantage d’une carte de visite flatteuse, que d’une mesure
découlant d’une croyance sincère.

Le changement a également été constaté par Hogg Robinson Group (HRG) au
travers de son étude et classement hôtelier. Les voyageurs réduisent
leur séjour au maximum afin de limiter les dépenses. Logiquement, les
hôteliers de certaines destinations très prisées, comme Moscou, New
York ou Paris, ont augmenté leurs prix, en justifiant l’augmentation du
prix par l’ajout de services annexes.

A court terme, pour les prestataires des voyages d’affaires, faire
économiser de l’argent à leurs clients sera comme remplir le tonneau
des Danaïdes. Les séjours seront moindres et plus courts, et
logiquement, les différents prestataires (hôteliers, loueurs de
voiture,…) devront
combler cette diminution en augmentant leurs tarifs.

Dans le secteur aérien, l’économie engendre un plus grand travail pour
les prestataires: alors que le chiffre d’affaires baisse, le volume des
transactions ne cesse d’augmenter. Et personne ne connaît encore les
effets que la consolidation des compagnies aériennes majeures aura sur
le marché. Dès lors, la diversification apparaît bel et bien comme la
solution offrant le plus d’avenir à moyen ou à long terme.